26 août 1914 : Français et Britanniques obtenaient leur première victoire… au Togo
L’armée française se trouvait dans une position très inconfortable, à la fin de ce mois d’août 1914, notamment en raison des lourdes pertes qu’elle venait de subir lors de la bataille dite des Frontières. Pourtant, ce fut à cette époque que la France et le Royaume-Uni remportèrent leur premier succès face IIe Reich. Mais pas en Europe…
En 1885, à l’occasion de la conférence de Berlin, dont l’objet fut d’établir des règles de partage de l’Afrique entre les puissances européennes, Bismarck obtint, au nom de l’Allemagne, un territoire de 86.000 km2 coincé entre la Gold Coast britannique (Ghana) et le Dahomey français (Bénin) et qui deviendra la « MusterKolonie » (la colonie modèle) sous le nom de Togoland.
Sous la coupe allemande, le futur Togo connut un fort développement économique et bénéficia d’importants investissements, avec notamment la création d’un réseau ferroviaire. Mais la colonie devint stratégique avec son raccordement au câble télégraphique sous-marin d’Amérique du Sud, la construction de la station radiotélégraphique de Lomé, d’une portée de 11.000 km et de celle de Kamina, qui, placée au centre du territoire, permettait les communication directes avec Berlin et de relayer les messages à tous les navires de guerre de la marine allemande.
À la déclaration de guerre, le gouverneur du Togoland, von Doering, proposa à ses homologues du Dahomey et de la Gold Coast de déclarer neutre les territoires coloniaux. Peine perdue. Et pour cause : les Allemands ne disposent que 1.200 hommes face aux 4.500 soldats français et britanniques.
Dès le 6 août, le port de Lomé tomba aux mains des troupes alliés. L’opération ne fut pas compliquées : la ville avait été évacuée par les autorités allemandes. Les forces françaises, placées sous l’autorité du commandant Jean Eugène Pierre Maroix (futur général), prennent la direction de Kamina pendant que le contingent britannique, commandé par le lieutenant-colonel Bryant (promu à l’occasion pour ne pas être en reste avec son alter ego français), remonte vers le nord en suivant la voie ferrée principale.
L’idée est de prendre en tenaille les troupes allemandes, qui, en infériorité numérique, furent contraintes de reculer vers Kamina tout en ne cherchant pas, cependant, à refuser le contact, comme cela fut le cas les 16 (des combats ont lieu près d’Agbélouvé) et 22 août (les alliés se heurtent à une habile résistance à Kra).
Finalement, le 25 août, les soldats allemands sont encerclés à Kamina. Lors de la nuit précédente, le gouverneur von Doering ordonne la destruction des installations radio-télégraphiques. Puis, il négocie avec le lieutenant-colonel Bryant les conditions d’une capitulation honorable. Si l’objectif de se saisir de la station en bon état est un échec, les alliés font tout de même 1.000 prisonniers et saisissent 3 mitrailleuses, 300.000 cartouches et 300.000 marks (*)
Dès le lendemain de cette victoire, Bryant et Maroix, au nom de leur pays, se partagent, en fonction des territoires conquis par l’un et l’autre, le Togoland, qui est placé sous une double administration, française et britannique. Les frontières sont validées en 1919 par la déclaration de Londres, puis confirmées par la Société des Nations (SDN) en 1922. Seulement, la partie occupée par le Royaume-Uni sera intégré, plus tard, au futur Ghana, tandis que celle administrée par la France deviendra le Togo, pays indépendant depuis 1960.
(*) Bilan donné par le lieutenant-colonel Rémy Porte (Armée d’aujourd’hui n°391)
Photo : Corps expéditionnaire britannique au Togo, en 1914