Un convoi humanitaire est parti de Moscou pour rejoindre l’est de l’Ukraine

Aux prises avec une insurrection séparatiste pro-russe dans l’est du pays , les forces gouvernementales ukrainiennes, qui ont eu au moins 568 tués et 2.120 blessés au cours de quatre mois d’opération « antiterroriste », encerclent les bastions rebelles de Donetsk et de Lougansk afin d’empêcher la venue de renforts et la livraison d’armes que la Russie est accusée de fournir.

Comme il n’est pas difficile de se l’imaginer, les civils, dont 300.000 ont fui les zones de combat, soit vers la Russie, soit vers d’autres régions ukrainiennes, sont également affectés par cette situation. À Lougansk, par exemple, il n’y a plus d’électricité et les réserves de nourriture et d’eau s’épuisent. Et un responsable séparatiste, Alexandre Zakhartchenko, s’est même dit prêt à un cessez-le-feu pour que l’armée ukrainienne arrête son offensive.

Début août, l’ambassadeur russe après des Nations unies, Vitali Tchourkine, a qualifié cette situation de « désastreuse ». Une position réaffirmée quelques jours plus tard par Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe. « Nous estimons que cette question est urgente, qu’elle ne supporte pas de retard », a-t-il dit, avant d’assurer que Moscou discutait avec Kiev, la Croix-Rouge et l’ONU pour apporter une aide humanitaire.

Du côté des Occidentaux et des autorités ukrainiennes, l’on fait valoir que la Russie a sa part de responsabilité dans cette situation étant donné qu’elle soutient les séparatistes et qu’elle pourrait prendre le prétexte d’une mission humanitaire pour intervernir militairement chez son voisin.

Le président américain Barack Obama, le Premier ministre britannique David Cameron et la chancelière allemande Angela Merkel ont ainsi estimé que toute incursion russe en Ukraine serait « injustifiée, illégale et inacceptable ».

Après en avoir discutés avec le Comité international de la Croix Rouge (CICR), le président ukrainien, Petro Porochenko, s’est dit prêt à accepter une mission humanitaire à Lougansk, à la condition qu’elle ne soit pas armée, qu’elle soit internationale, et qu’elle passe par des postes-frontières tenus par les forces gouvernementales.

Seulement, le Kremlin a décidé de passer outre puisqu’un convoi de 280 camions est parti de la région de Moscou, ce 12 août, pour l’est de l’Ukraine. A priori, le convoi, long de 3 km, dépourvus de plaques d’immatriculation, n’a pas d’escorte militaire. Du moins, c’est ce qu’a assuré Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine.

« La question du lieu d’arrivée et de distribution de l’aide humanitaire aux habitants de l’Ukraine sera décidée conjointement avec les représentants de la Croix-Rouge et de la partie ukrainienne », a expliqué le ministère russe pour les situations d’urgence (MTchS)

Sauf que, visiblement, le secrétaire général adjoint de la Croix-Rouge ukrainienne, Valery Sergovsky, n’est pas au courant des intentions russe. « Personne ne nous a contactés à ce propos et il n’y a aucun accord de notre part », a-t-il assuré à l’AFP.

Aussi, les autorités ukrainiennes ont averti qu’elles ne laisseront pas passer ce convoi russe quand il se présentera à la frontière.

« Nous ne jugeons pas possible le déplacement de colonnes russes sur le territoire de l’Ukraine. Cette cargaison pourrait traverser un poste-frontière ukrainien et être rechargée dans des véhicules du Comité international de la Croix-Rouge. Nous n’accepterons pas que (l’aide humanitaire) soit accompagnée par le ministère russe des Situations d’urgence ou par des militaires russes », a expliqué Valéri Tchaly, le chef adjoint de la présidence ukrainienne. Et puis, a-t-il ajouté, « nous ne savons pas ce qui se trouve dans les camions russes ».

L’annonce de ce départ d’une colonne humanitaire a fait réagir le président Hollande, qui s’en est entretenu avec M. Poutine. Ainsi, le chef de l’État a fait, à son homologue de ses « très vives inquiétudes que suscite la perspective d’une mission unilatérale russe sur le territoire ukrainien » et insisté sur le fait qu’une « opération » de ce genre ne peut que se faire avec  » l’accord des autorités nationales ukrainiennes, tant sur le format que sur les modalités de mise en oeuvre ».

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