Après ses critiques sur la politique pénale, le numéro trois de la gendarmerie va changer de poste

Par le décret du 29 novembre 2012 portant affectations d’officiers généraux, le général Bertrand Soubelet avait été nommé directeur des opérations et de l’emploi de la direction générale de la Gendarmerie nationale à compter du 1er janvier 2013.

Seulement, moins de deux plus tard, au coeur de l’été, le général Soubelet a été nommé commandant de la gendarmerie d’outre-mer à compter du 1er septembre 2014 par un décret en date du 17 juillet. Pour le remplacer, le général Michel Pattin a été désigné lors du Conseil des ministres du 30 juillet, avec les étoiles de général de corps d’armée en prime.

Le commandement de la gendarmerie outre-Mer (CGOM) est un « état-major du niveau Région Zonale qui administre les 3.977 personnels implantés en outre-MEr, prévôtés, ambassades et opérations extérieurs, auxquels s’ajoutent les escadrons de gendarmerie mobile appelés à renforcer le dispositif territorial ». Si le niveau de responsabilité de ce poste est important, il est évidemment moindre que celui du numéro 3 de la Gendarmerie. Et cela, même s’il est qualifié de « prestigieux » et « de confiance ».

Alors, pourquoi cette décision a-t-elle été prise? En 2013, le général Soubelet avait tenu des propos remarqués lors d’une session du Conseil de la fonction militaire de la gendarmerie (CFMG). « Nous ne pouvons pas dire à nos subordonnées qu’avec nos moyens actuels, nous pouvons être meilleurs (…) Nous le ferons différemment mais certainement pas mieux. (…) La seule possibilité serait de tirer sur la ‘couenne’ des personnels, au risque de mettre en déséquilibre leur santé », avait-il dit…

En décembre de la même année, le numéro trois de la Gendarmerie avait fait parler lui après une audition dans le cadre de la mission d’information relative à la lutte contre l’insécurité sur tout le territoire lancée par la Commission des lois de l’Assemblée nationale.

« Les gendarmes sont inquiets car on prend plus soin des auteurs (d’actes délictueux) que des victimes », avait-il notamment lancé en soulignant que de moins en moins de délinquants étaient condamnés à des peines de prisons. « Les auteurs d’atteintes aux biens (cambriolages, vols…), les plus importantes numériquement, bénéficient d’un traitement pénal qui leur permet de continuer à exercer leurs activités », avait-il insister. Et de conclure : « Évidemment, l’insécurité et le sentiment d’insécurité ne cesseront d’augmenter tant que la réponse collective à la délinquance ne sera pas adaptée ».

En clair, le général Soubelet avait critiqué la politique pénale actuellement menée. Quitte à déplaire en haut lieu. Le 7 janvier, lors de ses voeux adressés aux gendarmes, Manuel Valls, qui était alors ministre de l’Intérieur avant de devenir le chef du gouvernement quelques semaines plus tard, avait assuré qu’il était sur la « même longueur d’onde » avec « la Garde des sceaux ». « Je demande de poursuivre le travail dans le même état d’esprit et je ne tolérerai aucun manque à cette ligne de conduite sur le cap, la direction et la manière de travailler ensemble car l’engagement et la loyauté sont indispensables », avait-il insisté.

Plus tard, bénéficiant d’un fort soutien sur les réseaux sociaux, le général Soubelet avait calmé le jeu. « Je souhaite à vous dire très clairement, comme je le fais habituellement, que tout cet emballement médiatique me surprend », avait-il expliqué dans un message posté sur la page Facebook de la Gendarmerie. « Au sein de l’équipe de direction, nous sommes au travail pour faire avancer les dossiers de la gendarmerie, en particulier ceux conduits avec la justice dans une dynamique incontestablement positive », avait-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, avec cette habitude de se mettre la tête dans le sable, ce n’est pas le coq qui devrait être l’emblême de la France… Mais l’autruche.

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