L’Irak veut renforcer sa coopération militaire avec la Russie

Pour le moment, la ligne de front qui sépare les forces irakiennes et les combattants de l’État islamique est à peu près stabilisée au nord-est de Bagdad. Depuis l’offensive lancée en juin par les jihadistes, l’Irak a pu compter sur l’appui officieux de l’Iran ainsi que sur celui – officiel – des États-Unis, lesquels fournissent du renseignement et des conseillers militaires.

Cependant, le principal objectif de l’État islamique (EI) reste Bagdad. Et la pression qu’ils exercent dans les environs de la capitale irakienne est forte : au cours de ces dernières semaines, l’on compte plus d’une quinzaine d’attaques lancées avec des voitures piéges, des engins explosifs improvisés et des tirs de mortiers. Encore le 23 juillet, un attentat perpétré dans un quartier chiite a fait 33 tués. Et les jihadistes sont suspectés d’être à l’origine de l’assaut donné le lendemain contre un convoi de prisonniers à une vingtaine de kilomètres au nord de la ville (60 tués).

La crainte des services de sécurité est de voir se réveiller des cellules dormantes de l’EI implantées dans la capitale irakienne et ses environs quand viendra le moment pour les jihadistes de passer à l’attaque. « La bataille n’a pas encore fait rage, elle se déchaînera à Bagdad », avait annoncé, en juin, Abu Muhammad al-Adnani, le porte-parole du mouvement jihadiste, lequel par ailleurs se livre à un nettoyage éthnique dans les zones qu’il contrôle en chassant notamment les chrétiens.

Cependant, les autorités irakiennes considèrent que le soutien reçu de la part des États-Unis  est insuffisant pour faire face à la menace jihadiste. L’ambassadeur irakien à) Wahsington, H.E. Lukman Faily, l’a affirmé devant l’Atlantic Council, il y a quelques jours. Le diplomate a ainsi demandé aux autorités américaines d’aller encore plus loin en autorisant des frappes aériennes afin de « mener des opérations de contre-terrorisme dans les zones urbaines occupées par l’EI » et de viser « les camps et les convois d’approvisionnement » des terroristes qui profitent de la porosité de la frontière avec la Syrie, où il sont également actifs.

L’ambassadeur irakien a aussi critiqué la lenteur de la livraison des avions de chasse F-16, commandés par Bagdad à 36 exemplaires (2 lots de 18). Les premiers appareils devraient toutefois arriver d’ici l’automne prochain… Mais aucun pilote irakien n’a encore été formé pour les faire voler… En outre, l’Irak attend également des hélicoptères d’attaque AH-64 Apache… Seulement, aucune date pour leur livraison n’a encore été avancée.

D’où la raison pour laquelle le gouvernement irakien s’est tourné vers Moscou. Récemment, un premier lot d’avions d’attaque au sol SU-25 a été livré par la Russie aux forces aériennes irakiennes (sans que l’on sache qui va les faire voler…).

« Un certain nombre de contrats avec l’Irak sont entrés en vigueur et sont en train d’être honorés », a ainsi confirmé une source du secteur des exportations militaires russes à l’agence Interfax, le 24 juillet. « Les livraisons d’hélicoptères de combat Mi-35 et d’avions de chasse Su-25 ont déjà commencé », a-t-elle ajouté, avant de rappeler que Bagdad avait passé commande, en 2012, de 36 hélicoptères d’attaque Mi-28 et de 48 systèmes anti-aériens Pantsir S-1 (qui ne seront pas d’une grande utilisé face aux jihadistes).

Ces annonces n’ont toutefois rien de nouveau. Au début de cette année, l’Irak avait affirmé avoir reçu 13 Mi-28 NE « Chasseur de nuit ». Et l’agence Ria Novosti de préciser alors qu’il s’agissait « du deuxième lot d’hélicoptères russes livré à l’Irak conformément à l’accord russo-irakien sur la livraison de matériel de guerre de 2012 », le premier étant 4 Mi-35, livrés quant à eux en novembre 2013. Et, en juin, des vidéos montrant l’un de ces appareils en action contre l’EI ont été diffusées via Youtube.

En outre, d’après l’ambassadeur de Russie à Bagdad, un second lot de SU-25″Frogfoot » devrait être livré d’ici la fin de cet été.

Le même jour, le ministre irakien de la Défense, Saadoun al-Dulaimi, a fait le déplacement à Moscou pour y rencontrer Sergueï Choïgou, son homologue russe. Ainsi, le responsable a souligné que la Russie et son pays ont « riche histoire de coopération militaire » et qu’il était nécessaire de la « renforcer » et de la « développer ».

« Ce n’est pas un secret que l’Irak traverse actuellement la période la plus difficile de son développement. Nous faisons face au terrorisme qui vise non seulement notre pays, mais aussi l’ensemble de la région », a poursuivi M. al-Dulaimi. Et « nous avons besoin d’armes pour combattre la menace terroriste », a-t-il insisté.

Peu avant le départ du ministre vers Moscou, Bagdad avait précisé que l’objet de ce voyage était d’obtenir de la part des responsables russes « des armes, des équipements et des avions militaires modernes ». L’idée est sans doute de faire pression sur les États-Unis pour qu’ils fassent justement ce que l’ambassadeur irakien à Washington leur a demandé…

Mais a priori, le message a bien été entendu à Moscou. Le général Choïgou a en effet déclaré que « la coopération militaire et technique » entre les deux pays « se développait avec succès et que la Russie soutenait le combat [de l’Irak] contre le terrorisme ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]