Naval militaire : Saab a finalisé le rachat de Kockums, la filiale suédoise de ThyssenKrupp Marine Systems

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D’habitude, quand il est question de « consolider » l’industrie de l’armement en Europe, l’on pense à rapporcher des industriels de nationalités différentes, comme cela a été le cas pour Airbus Defense and Space et MBDA. Les discussions amorcées début juillet entre Nexter et Krauss Maffei Wegmann obéissent aussi à cette logique.

Toutefois, cette dernière n’est pas toujours aussi pertinente que l’on pourrait le penser. L’exemple en est donné avec le chantier naval suédois Kockums, spécialiste des sous-marins, acquis à la fin des années 1990 par ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS). En fait tout dépend des intentions. En l’occurrence, pour l’industriel allemand, cette opération a surtout consisté à neutraliser un possible concurrent pour plusieurs contrats, notamment à Singapour et en Australie.

Résultat : Kockums s’est retrouvé en quelque sorte marginalisé, son rôle se bornant le plus souvent à effectuer des opérations de maintenance, qui plus est susceptibles d’être relocalisées en Allemagne. Le tout avec une possible perte de compétences en matière de conception de sous-marins pour la Suède.

La Guerre froide terminée, Stokholm n’avait rien trouvé à dire sur la prise de contrôle de Kockums par TKMS. Seulement, avec l’attitude Moscou sur le dossier ukrainien, les vols de bombardiers russes près de l’espace aérien suédois (quand ils ne simulent pas une attaque, comme en 2013) et surtout le réarmement de la Russie font que l’état d’esprit a changé en Suède. Et il n’est désormais plus question de perdre des capacités industrielles de premier plan dans la construction navale.

D’où la volonté du gouvernement suédois de « renationaliser » Kockums en encourageant Saab à le racheter à TKMS. Des négociations allant dans ce sens ont donc commencé au printemps dernier. Et elles viennent d’aboutir.

En effet, Saab a annoncé, ce 22 juillet, avoir finalisé l’acquisition de la filiale suédoise de TKMS pour 36,8 millions d’euros (seulement…). « L’effet de la transaction sur les résultats de Saab pour 2014 n’est pas jugée significative », a même estimé l’industriel, dans son communiqué. Et cette « acquisition renforce la position de Saab en tant que fournisseur complet de systèmes militaires navals », a-t-il ajouté.

Désormais, Saab est présent dans pratiquement tous les secteurs de l’armement étant donné qu’il produit des équipements pour le combat terrestre et qu’il est le constructeur de l’avion de combat JAS-39 Gripen, lequel se vend relativement bien à l’exportation.

Quoi qu’il en soit, rebaptisé Saab Kockums, le chantier naval va donc poursuivre ses activités à Malmö, Karlskrona et Muskö. Et il devrait construire les deux sous-marins de type A-26 commandés par la marine suédoise et moderniser deux Gotland de conception plus anciennes.

« Nous commençons à travailler immédiatement avec les commandes passées par la Suède ainsi qu’avec les livraisons à d’autres clients. Ceci sera suivi par des efforts visant à accroître l’efficacité opérationnelle et la rentabilité. Cela est essentiel pour être compétitif au niveau mondial dans le long terme. Il y a également de bonnes synergies à réaliser avec les opérations navales actuels de Saab « , a expliqué Gunilla Fransson, responsable de la division  Défense et sécurité de l’industriel suédois.

L’épisode TKMS empêchera-t-il tout rapprochement, à l’avenir, avec un autre groupe naval européen? Dans le journal Les Échos du 2 juillet, le ministre française de la Défense, Jean-Yves Le Drian avait répondu à une question portant une possible alliance franco-suédoise dans ce domaine (c’est à dire impliquant DCNS).

« La ministre suédoise de la défense et moi-même avons évoqué toutes ces questions vendredi dernier [27 juin]. Nexter-KMW montrent qu’il y a de l’intérêt à se consolider tout en préservant ses atouts », avait-il alors affirmé.

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