Exercice RIMPAC 2014 : La Chine déploie un navire espion au large d’Hawaï
Cette année, pour la première fois, la Chine participe à l’important exercice aéro-naval Rim of the Pacific, organisé tous les deux ans par les États-Unis dans les environs d’Hawaï. À cette fin, la marine chinoise y a envoyé un destroyer, une frégate, navire de ravitaillement et un navire-hôpital.
Jusque-là, il n’y a rien à dire. Sachant les tensions entre la Chine et les alliés des États-Unis dans la région, l’on peut se dire que cette invitation adressée à la composante navale de l’armée populaire de libération (APL) est une bonne chose et cette initiative est de nature à éviter de possibles malentendus à l’avenir… Sauf que Pékin a aussi déployé, au large d’Hawaï, le Beijixing, un navire espion de la classe Dongdiao… Et ce dernier n’était pas prévu au programme.
La présence d’un bâtiment chinois dédié à la collecte du renseignement d’origine électronique n’est pas une nouveauté : c’était déjà le cas lors de la dernière édition de RIMPAC. Et la Chine n’est pas la seule à procéder de la sorte.
Mais alors, pourquoi la marine chinoise a-t-elle envoyé le Beijixing dans une zone où se tiennent des manoeuvres navales auxquelles elle prend part? Qu’on le veuille ou non, il est quand même inédit de voir un tel comportement…
Une explication peut en être déduite grâce aux informations du Wall Street Journal. Selon ce dernier, les 4 bâtiments déployés par la Chine dans le cadre de RIMPAC ne sont pas conviés à tous les exercices prévus pour la simple et bonne raison que ces derniers pourraient leur permettre d’avoir accès à quelques secrets militaires des autres participants, à commencer par ceux de l’US Navy, de la Royal Australian Navy et de la marine japonaise.
Pour le moment, le Beijixing navigue près du groupe aéronaval formé autour du porte-avions USS Ronald Reagan. Et il est même possible qu’un sous-marin chinois soit également dans les parages. « Les forces navales américaines surveillent en permanence toute l’activité maritime dans le Pacifique et nous nous attendons à ce que ce navire reste en dehors des eaux territoriales des États-Unis et qu’il ne perturbe pas l’exercice Rim of the Pacific », a commenté, le 18 juillet, un porte-parole de l’US Navy. « Nous avons pris toutes les précautions nécessaires pour protéger les informations importantes », a-t-il ajouté.
« L’opération du navire de l’Armée populaire de libération à l’extérieur des eaux territoriales est en conformité avec le droit international et la pratique internationale », a fait valoir le ministère chinois de la Défense dans un communiqué.
Cependant, si l’US Navy semble ne pas vouloir donner une importance démesurée à la présence de ce navire espion, il n’en va pas de même pour certains élus américains, à commencer par le représentant Randy Forbes, le président du sous-comité des forces maritime et de projection.
« Maintenant, nous apprenons qu’ils [les Chinois] ont choisi de ne pas respecter les 20 autres participants [à RIMPAC] en envoyant un navire de collecte de renseignement directement au milieu de l’exercice. Il est clair que la Chine n’est pas prête à être un partenaire responsable et que sa première participation à RIMPAC devrait probablement être la dernière », a-t-il affirmé.
Le Beijixing est l’un des trois navires de renseignement de la classe Dongdiao mis en oeuvre par la marine chinoise. D’un déplacement de 6.000 tonnes pour 130 mètres de long, il est doté de deux moteurs diesel SEMT Pielstick et peut naviguer à une vitesse maximale de 20 noeuds. Armé d’un canon de 37 mm et d’un bitube de 14,5 mm, il dipose de 3 radômes où sont logés les équipements d’interception de signaux électroniques.
L’exercice RIMPAC 2014 mobilise 25.000 marins, 200 avions et, surtout, 53 navires dont 6 sous-marins. La Marine nationale y est représentée avec, comme il y a deux ans, la frégate de surveillance Prairial (et son hélicoptère Alouette III).
Photo : Le navire espion chinois Beijixing
