Les écoles militaires, un levier d’influence négligé par la France?

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Lors du défilé du 14 Juillet, sur les Champs Élysées, il n’est pas rare de voir des stagiaires étrangers dans les rangs des différentes écoles de l’armée française. Ainsi, par exemple, de nombreux officiers, qui, venus d’Afrique francophone, ont été formés en France, occupent actuellement des postes de premier plain au sein des forces armées de leur pays.

« Ces officiers ont souvent accédé à de hautes fonctions militaires et parfois politiques, tout en conservant un attachement particulier à la France, attachement qui constitue l’un de nos atouts majeurs sur le continent », estiment les député Gwendal Rouillard et Yves Fromion, dans le rapport sur le dispositif militaire français en Afrique qu’ils viennent de remettre.

Seulement, ça, c’était avant… Car d’après les deux parlementaires, « pour les générations les plus jeunes; (…) le nombre de place disponibles dans les écoles (militaire, ndlr) françaises a drastiquement diminué ». Un comble quand l’on sait que ces dernières ont vu leurs effectifs d’élèves diminuer à mesure de la réduction du format des forces françaises, au point que le contrôleur général Jacques Feytis, le directeur des ressources humaines du ministère de la Défense, a même proposé de les « ouvrir » au monde civil pour les pérenniser.

Le chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA), le général Denis Mercier, a déploré cette situation devant les deux députés. Selon lui, « notre vraie plus-value » dans le domaine aérien, quand les forces françaises sont amenées à effectuer des missions dans les États africains avec lesquels la France a des accords de défense, est que « tous les chefs d’état-major des armées de l’air de ces pays sont issus des rangs de notre École de l’Air ». Cela est surtout vrai pour les officiers et les pilotes, « qui offrent un bon levier d’influence ». Et cela a été « la clef du succès dans la bande sahélo-saharienne ».

Mais pour faire des « économies de bout de chandelle », c’est à dire quelques millions d’euros, toujours dixit le général Mercier, « on a réduit la voilure », avec des budgets divisés par deux. Alors que la France prenait à sa charge les coûts de la formation de ses futurs officiers africains, c’est désormais la Chine qui s’en occupe.

« Il en résulte un ‘effet d’éviction’ : nombre d’Africains voudraient se former en France, mais faute de capacités d’accueil, ils vont en Chine », peut-on lire dans le rapport des deux députés, pour qui, s’appuyant encore sur les propos que leur a tenus le général Mercier, « l’effet se fera sentir dans quelques années ».

Et le général Bertrand Ract-Madoux, le chef d’état-major de l’armée de Terre, est exactement sur la même longueur d’onde que son camarade aviateur. « C’est pour des raisons d’économie que l’on accueille moins de stagiaires africains en France », a-t-il confié aux rapporteurs.

Certes, des écoles militaires à vocation régionale ont été ouvertes dans certains pays. Mais, selon le rapport, citant le général Ract-Madoux, elles « n’ont pas encore atteint le même niveau de formation que les écoles françaises où américaines ».  Qui plus est, elles « ne permettent pas, pour les Africains, le grand ‘brassage, enrichissant, que permet la formation dans les écoles françaises’ et, pour la France, de développer des ‘relais d’influence’ qui constituent un ‘atout construit dans la durée, utile en cas de crise pour améliorer notre réactivité ». Aussi, pour le CEMAT, « il faut donc faire les deux : accueil et formation sur place ».

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