Le gouvernement libyen envisage de faire appel à une force internationale pour rétablir la sécurité

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La Libye va-t-en s’en sortir un jour? Depuis la chute du régime du colonel Kadhafi, le pays n’est toujours pas stabilisé. Dans l’est, et en particulier dans la Cyrénaïque, qui plus est traversée par des tensions autonomistes, le général Haftar, exilé pendant 20 ans aux Etats-Unis avant de retrouver le sol libyen, a lancé une offensive, en mai dernier, contre les groupes jihadistes implantés dans la région. Au sud, des mouvements terroristes ont été observés. Enfin, à Tripoli même, des combats opposent régulièrement des miliciens islamistes à des brigades du courant libéral, comme ceux qui ont eu lieu ces dernières heures pour le contrôle de l’aéroport.

En 2011, quand, à Tripoli, les forces restées loyales au colonel Kadhadi cédèrent face aux combattants révolutionnaires (les Thuwars), appuyés par une campagne aérienne coordonnée par l’Otan (opération Unified Protector), les brigades d’ex-rebelles venues de Zenten prirent le contrôle de l’aéroport de la capitale libyenne ainsi que celui de plusieurs sites militaires dans les environs.

Depuis, la situation n’avait pas bougé. Jusqu’à ces derniers jours, avec l’attaque de l’aéroport par des groupes armés se réclamant de la Cellule des opérations des révolutionnaires, le bras armé des islamistes en Libye. Ces affrontements ont commencé après des appels lancés sur les réseaux sociaux à chasser les ex-rebelles de Zenten de toutes leurs position à Tripoli.

Les ex-rebelles Zentanis passent pour être dans le camp des libéraux. Hostiles, en effet, aux islamistes, et bien équipés, ils sont considérés comme étant les mieux organisés et disciplinés. Leurs brigades dépendent officieusement du ministère libyen de la Défense. Récemment, elles ont revendiqué l’attaque contre le Congrès général national (CGN), c’est à dire le Parlement (tenu par les islamistes), et exigé la dissolution de ce dernier. Ce qu’ils ont obtenu. Les résultats définitifs des élections organisées dans la foulée ne seront connus que le 20 juillet (du moins en théorie).

Quoi qu’il en soit, les combats qui ont eu à l’aéroport de Tripoli ont été ravageurs. Selon les autorités libyennes, 90% des appareils présents sur les tarmacs ont été endommagés ou détruits, de même que la tour de contrôle, un centre de maintenance et deux autres bâtiments. Au moins 7 combattants y ont perdu la vie. Cela étant, les islamistes n’ont apparemment pas réussi à déloger les Zentanis de leurs positions.

Pour beaucoup, la crainte est que la Libye sombre définitivement dans l’anarchie et le chaos. Et les récents événements de Tripoli ne vont pas les contredire. « Les Etats-Unis sont très inquiets de la violence en cours en Libye et les prises de position dangereuses qui pourraient conduire à un conflit généralisé. Nous affirmons notre soutien à la transition démocratique libyenne et appelons à l’installation de la nouvelle Chambre des représentants le plus tôt possible », a ainsi fait valor le département d’État américain, via Jen Psaki, sa porte-parole.

La France a dit craindre, le 14 juillet, une extension du conflit et appelé toutes les parties « au calme et au dialogue ». « Nous sommes gravement préoccupés par les récents affrontements violents à Tripoli », a commenté un porte-parole de Catherine Ashton, Haut Représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

Quant aux Nations unies, elles ont annoncé le retrait temporaire du pays de ses personnels. « Après les combats de dimanche et en raison de la fermeture de l’aéroport international de Tripoli, la mission a conclu qu’il ne serait pas possible de continuer son travail (…) tout en assurant en même temps la sécurité de son personnel ainsi que leur liberté de mouvement », a expliqué la Mission de l’ONU en Libye.

C’est dans ce contexte que le gouvernement libyen a indiqué qu’il « examinait la possibilité de faire appel à des forces internationales sur le terrain pour rétablir la sécurité » et l' »aider à imposer son autorité ». Ce serait « l’occasion pour l’État de construire ses institutions, en particulier l’armée et la police », a expliqué Ahmed Lamine, son porte-parole.

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