Le F-35 à nouveau cloué au sol pour un problème de moteur

La présence surprise d’un F-35B, la version STOVL (décollage court/atterrissage vertical) de l’avion développé par Lockheed-Martin, était espérée par certains pour le baptême du HMS Queen Elizabeth (qui se fera au whisky et non au champagne comme le veut le tradition), ce 4 juillet.

Le symbole aurait été fort, étant attendu que la Royal Navy mettra en oeuvre ce type d’appareil… quand il sera au point. Seulement, l’US Marine Corps, qui dispose de quelques exemplaires  de cet avion, n’a pas confirmé sa participation à cette évènement. Et même si cela avait été le cas, cela aurait été tout simplement impossible car, à nouveau, les 97 F-35 Lightning II livrés aux forces américaines pour des essais opérationnels et la formation des pilotes, sont cloués au sol jusqu’à nouvel ordre.

Ces dernières semaines auront été compliquées pour ces appareils. En juin, ils ont été brièvement interdits de vol pendant quelques jours en raison d’une fuite d’huile constatée sur le moteur d’un F35B et trois d’entre eux n’ont pas satisfait aux contrôles décidés dans la foulée.

Le motoriste, Pratt & Whitney, filiale de United Technologies Corp., a alors précisé que les inspections des moteurs avaient duré environ une heure et demie et que « presque tous » les F-35 étaient bons pour le service.

À peine cette interdiction de vol levée, un autre incident sérieux s’est produit sur la base d’Eglin. Le moteur d’un F-35A, la version « classique » destinée à l’US Air Force, a pris feu au décollage. « Le pilote a suivi les procédures de sécurrité  appropriées et a abandonné la mission. Nous avons un programme de formation solide et vaste dans lequel chaque pilote de l’aéronef est formé, afin de répondre rapidement et correctement en cas d’urgence », a alors expliqué le capitaine Paul Haas, commandant en second du 33rd Fighter Wing.

Cela étant, la cause de cet incendie demeure inconnue. D’où la décision de suspendre à nouveau les vols. « Des contrôles supplémentaires des moteurs des F-35 ont été requis, et le retour en vol sera déterminé sur la base du résultat des contrôles et l’analyse des informations recueillies », a expliqué le contre-amiral John Kirby, le porte-parole du Pentagone.

La mise au point du moteur Pratt & Whitney F135 de l’appareil, qui se décline en 3 versions (F-35A, F-35B et F-35C, cette dernière étant destinée à l’US Navy), est compliquée. Et les interdictions de vol motivées par des soucis rencontrés avec ce dernier commencent à compter… En 2013, par exemple, la découverte d’une aube fissurée sur une turbine de l’un d’entre eux avait conduit à prendre ce type de décision.

Et cela avait passablement énervé le lieutenant-général Bogdan, le responsable du programme F-35 au Pentagone. « Ce que je constate actuellement, avait-il dit au sujet de Lockheed-Martin et de Pratt & Whitney, c’est qu’ils essaient de ponctionner le moindre sou pour nous vendre le tout dernier F-35 et le tout dernier moteur ». Et d’ajouter : « Ce que je leur demande, c’est de signer pour les 40 prochaines années, de prendre à leur compte une partie des risques inhérents à ce programme, de s’investir dans la réduction des coûts. J’attends d’eux qu’ils construisent avec nous une meilleure relation. Je ne ressens pas encore cette envie pour le moment ».

Outre le développement du moteur F-135, la mise au point des logiciels sans lesquels le F-35 ne peut pas voler est aussi compliquée. Pour donner une idée du défi à relever, il faut programmer au moins 18 millions de lignes de code!

Initialement, le Pentagone souhaitait disposer, au lancement du projet, en 2001, 2.852 appareils furtifs pour 233 milliards de dollars. Or, après les restructurations du programme afin de prendre en compte les dépassements de coûts et les retards, il n’en aura que 2.443 pour 391,2 milliards de dollars… Soit une hausse de la facture de +68%. À cela, il faut encore ajouter les frais d’exploitation de l’avion tout au long de sa carrière opérationnelle. Et là, le montant estimé de la note est de l’ordre du trillion de dollars.

Mais ces déboires n’empêchent nullement les ventes du F-35 à l’étranger. Au Royaume-Uni, donc, mais aussi en Australie, au Japon, en Corée du Sud, en Israël aux Pays-Bas, en Italie ou encore en Norvège. En revanche, le Canada, où le choix de cet appareil a été sous le feu des critiques, pourrait opter pour un autre avion.

Reste que cette nouvelle interdiction de vol  pourrait compromettre les premières participations du F-35 à des salons aériens. Normalement, il est attendu au Royal International Air Tattoo (11 juillet) et au Farnborough International Airshow (19 juillet). Le Pentagone a indiqué qu’une décision serait prise d’ici quelques jours.

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