La Corée du Nord dit avoir testé avec succès un « missile tactique de haute précision »

Le 26 juin, la Corée du Nord a de nouveau procédé au lancement de 3 missiles depuis la villes portuaire de Wonsan. Les engins, après avoir parcouru une distance de 190 km environ, ont fini leur course dans l’eau. Selon Pyongyang, il s’agissait de répondre à des tirs d’artillerie sud-coréens près de la ligne de démarcation qui sépare les deux pays.

Selon l’armée nord-coréenne, citée par l’agence KCNA, ces exercices sud-coréens ont été une « provocation irresponsable » alors qu’elle-même était prête à lancer une « frappe dévastatrice » en représailles.

Cela état, est-ce à cette occasion qu’a été testé avec succès un nouveau missile « tactique de haute précision » que la Corée du Nord prétend avoir réalisé ou bien est-ce une coïncidence? Toujours est-il que les autorités nord-coréennes affirment disposer désormais d’un « missile de pointe », qui plus est « développé sous le contrôle personnel de Kim Jong-un », le chef du régime. Ce nouvel engin, selon ce dernier, accroît la force de frappe « préventive » des forces nord-coréennes.

Pour autant, que la Corée du Nord puisse disposer d’armes de précision est une nouveauté. Et qu’elle soit capable d’en développer par elle-même est tout aussi surprenant. Aussi, l’hypothèse avancée par Jeffrey Lewis, un analyste de l’institut américano-coréen de l’université Johns-Hopkins, lequel édite le site 38th North, très au fait de l’actualité militaire nord-coréenne, est que Pyongyang ait mis la main sur des missiles anti-navire Kh-35, de conception russe.

C’est en tout cas ce que suggère l’examen minutieux d’un film de propagande nord-coréen diffusé récemment via Internet. Ainsi, vers la 49e minute de cette longue vidéo, l’on peut voir un navire tirer un missile. La séquence ne dure que quelques secondes mais cela été suffisant pour permettre à Jeffrey Lewis de faire des copies d’écran. Et c’est ainsi qu’il a pu déterminer que l’engin en question est un Kh-35, ou du moins une copie.

Ce type de missile est destiné à être utilisé contre des navires de 5.000 tonnes. Subsonique, son système de navigation repose sur une centrale inertielle et un autodirecteur. Il peut être tiré par avion, hélicoptère ou batterie côtière.

Reste à savoir comment la Corée du Nord a pu se procurer ce type de missile, développé dans les années 1980-1990 et entré relativement récemment en service au sein de la marine russe. Toutefois, la Russie a exporté ce type d’engin à plusieurs pays, dont l’Inde, l’Algérie, le Venezuela ou encore la Birmanie. Est-ce par l’entremise de ce dernier que Pyongyang a pu l’obtenir?

Il est tout cas certain, s’il s’agit bien d’une copie du Kh-35, que l’embargo visant la Corée du Nord pour ses activités balistiques et nucléaires a été contourné. En outre, toujours si cette hypothèse est avérée, et connaissant les pratiques nord-coréennes en la matière, il y aura désormais un risque de prolifération de ce type de missiles, dont l’exportation est réglementée.

Quoi qu’il en soit, Marie Harf, une  porte-parole du département d’État américain n’a pas fait de commentaires particuliers au sujet de l’annonce faite par Pyongyang. À Washington, l’on attend d’avoir plus de précisions pour se prononcer. « Evidemment, tout tir de quelque nature que ce soit (venant de Corée du Nord) est problématique, alimente l’escalade, représente une menace », a-t-elle cependant affirmé.

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