L’Otan ne donnera pas de suite à une demande d’adhésion de la Géorgie
En 2008, l’Ukraine et la Géorgie avaient fait acte de candidature pour intégrer l’Otan. Si ces deux pays furent soutenus par les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et la plupart des pays de l’Est dans leur démarche, la France et l’Allemagne y mirent leur veto.
À l’époque, la Russie y était forcément opposée. « Aucun pays ne peut se satisfaire que des membres d’un bloc militaire auquel il n’appartient pas se rapprochent de ses frontières. Nous sommes mécontents de la situation en Ukraine et en Géorgie. Nous estimons que c’est un facteur extrêmement déstabilisant pour la sécurité européenne », avait affirmé Dmitri Medvedev, qui s’apprêtait alors à échanger son poste de Premier ministre avec Vladimir Poutine pour celui de président (et inversement 4 ans plus tard).
Depuis, l’Ukraine est aux prises avec une insurrection menée par des séparatistes pro-russes dans l’est après avoir perdu la Crimée au profit de la Russie. Quant à la Géorgie, elle a été en guerre contre la Russie, en août 2008, suite à des incidents en Ossétie du Sud.
Cependant, Tblilissi n’a jamais abandonné l’idée d’intégrer l’Otan et de se rapprocher avec l’Ouest. D’où sa participation significative par rapports aux autres pays membres à la force de l’Union européenne déployée en Centrafrique (EUFOR RCA, avec 140 hommes) et sa présence importante (1.500 soldats) en Afghainstan, dans le cadre de la Force internationale d’assistance à la Sécurité (ISAF).
Pourtant, ce n’est pas dans un avenir proche que la Géorgie intégrera l’Otan. En effet, à l’issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères des 28 pays membres de l’Alliance, il a été décidé de ne pas donner suite à sa demande de rejoindre « le Plan d’action vers l’adhésion à l’Otan » (MAP), étape préalable à toute intégration.
Au moins deux raisons peuvent expliquer cette décision. La première est qu’il ne s’agit pas de froisser davantage la Russie, alors que la crise ukrainienne est loin d’être terminée : ce sera mettre de l’huile sur le feu. La seconde est liée à l’article 5 du traité de l’Atlantique nord, qui suppose que les membres doivent porter secours militairement à l’un d’entre eux s’il est attaqué… Il n’est pas difficile de comprendre ce que cela signifierait en cas de nouveau conflit entre Tbilissi et Moscou.
Toutefois, des mesures « importantes » en matière de coopération seront proposées à la Géorgie, a expliqué Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Alliance. Ces dernières lui « permettront de se rapprocher » de l’Otan. Un lot de consolation, en quelque sorte.
Même chose pour le Monténégro, qui avait également l’espoir de rejoindre le plan d’action d’adhésion dès cette année. Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a indiqué à l’agence Belga que Podgorica se verrait aussi proposer des discussions « intenses » et « ciblées » en vue de réaliser cet objectif. La décision de lui ouvrir le MAP a été reportée à la fin 2015.
D’autres pays frappent à la porte de l’Otan. C’est le cas de la Macédoine et de la Bosnie-Herzégovine. Mais là encore, que ce soit pour l’un et l’autre, il n’est pas question de rejoindre le MAP.
En effet, Skopje doit régler auparavant son différend avec la Grèce à propos de son appellation (Athènes bloque puisque une province grecque porte le même nom). Quant à la Bosnie, il est considéré qu’elle n’est pas encore prête à rejoindre l’Alliance.