Général de Villiers : « Il n’y a pas vraiment de partage du fardeau » en Centrafrique

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Dans son discours prononcé à l’occasion de la clôture de la session nationale de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense nationale (IHEDN), le 19 juin, le chef d’état-major des armées (CEMA), le général Pierre de Villiers, a largement évoqué les deux principales opérations dans lesquelles les forces françaises sont engagées.

Ainsi, s’agissant de la bande sahélo-saharienne (BSS), le général de Villiers a souligné que les militaires français ont « remporté de réels succès » depuis le lancement de l’opération Serval, au Mali, notamment en chassant les  » les groupes armés terroristes, jusque dans leurs sanctuaires ». Mais si, a-t-il continué, « Aujourd’hui, l’ennemi est affaibli et désorganisé », il « n’est pas vaincu » car il « reste déterminé, dangeureux » et il « s’est adapté, pour défier nos capacités de renseignement, de mobilité et d’action ».

La « bande sahélienne ne devient qu’une partie d’un ensemble plus vaste, avec des ramifications au Nord et au Sud : du Sénégal à Djibouti en passant par le Mali, le Sud de l’Algérie, le Niger, le Sud de la Libye et le Tchad, cet autoroute du trafic en tout genre – narco, armes, êtres humains, prosélytisme – est aussi celui du djihadisme, qui se finance ainsi », a expliqué le CEMA, qui a relevé que si la « jonction opérationnelle avec Boko Haram, au Nigéria, ou les Shebabs somaliens qui frappent à Djibouti n’est pas avérée », des « connexions existent ». Et d’estimer que « nous sommes face à un défi majeur, qui concerne la sécurité de l’Europe ».

Par conséquent, le « combat change d’échelle » et il « faut faire vite » car il se « régionalise, de la Mauritanie au Tchad, de la Libye au Burkina. Ce sont des distances considérables, une échelle inédite pour nos opérations ». Pour donner un aperçu de la tâche, le CEMA a donné un élément de comparaison : « Imaginez, du Cap Finistère à Odessa, de Copenhague à Munich : c’est cela, notre zone d’action ». Soit quasiment la superficie de l’Europe…

L’autre opération majeure du moment est bien évidemment celle qui est actuellement en cours en Centrafrique. « Nous avons fait du bon travail depuis le début de Sangaris, il y a 6 mois. Nous avons évité le pire : le massacre interethnique », a estimé le général de Villiers, qui concède toutefois qu’il y a encore d’énormes défis à relever dans ce pays. Et en l’occurrence, les militaires français ne peuvent pas tout faire. « En attendant les renforts, qui tardent à venir, il faut être au four et au moulin », a-t-il dit. Et « tant que les forces internationales attendues ne sont pas déployées, nous restons le seul rempart contre le chaos ».

Aussi, il n’y aura pas de « désengagement majeur de Sangaris avant la montée en puissance de la MINUSCA, fin décembre a priori », a affirmé le général de Villiers. Ce dernier a eu quelques mots sur l’aide apportée par l’Union européenne à cette mission. « Restons réalises : une fois encore, dans son ensemble, l’Europe est militairement peu présente ». Car sur les 600 hommes d’EUFOR RCA, dont la pleine capacité opérationnelle vient d’être prononcée, les « deux tiers sont Français ou mis en place par des États non membres de l’UE ». Aussi, pour le CEMA, « il n’y a donc pas vraiment de partage du fardeau ».

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