Le Pakistan demande aux autorités afghanes de bloquer les jihadistes en provenance du Nord-Waziristan

Pour la troisième journée consécutive, l’aviation pakistanaise s’est livré à de nouveaux bombardements dans le Nord-Waziristan, une zone tribale où avaient trouvé refuge la plupart des mouvements jihadistes liés de près ou de loin à al-Qaïda.

« Avaient » car, visiblement, et comme cette offensive était attendue, beaucoup d’entre eux ont levé le camp pour rejoindre l’Afghanistan. Ce phénomène a été confirmé par un récent rapport des Nations unies. Et il explique pourquoi les forces pakistanaises ne se heurtent pas à une forte résistance pour le moment.

L’offensive dans le Nord-Waziristan, réclamée depuis des années par Wahsington, a été déclenchée le 15 juin, suite à l’attaque de l’aéroport de Karachi par le mouvement taleb pakistanais, quelques jours plus tôt (38 tués). Cette opération a le soutien de l’opinion publique, lassée de la vague d’attentats qui ensanglante le pays depuis 2007. La question est de savoir pourquoi Islamabad a tant tardé pour s’attaquer enfin à ce bastion des jihadistes… alors que les forces de l’Otan, actuellement déployées en Afghanistan, sont sur le départ.

Quoi qu’il en soit, Islamabad a demandé à Kaboul, le 16 juin au soir, de bloquer les jihadistes qui fuiraient le Nord-Waziristan. « Au lendemain du déclenchement de l’opération, le Premier ministre Nawaz Sharif a appelé (le président afghan) Hamid Karzaï pour lui demander de fermer la frontière afghane et éviter l’exode de rebelles du Pakistan vers l’Afghanistan pendant l’offensive », a ainsi affirmé Tasnim Aslam, la porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères.

« Ce message a également été transmis par des canaux militaires », a-t-elle ajouté, avant de préciser qu’il été demandé aux autorités afghanes d’agir contre les zones situées dans l’est de l’Afghanistan et utilisées par les jihadistes pour lancer des attaques au Pakistan.

La présidence afghane a confirmé cette demande. « L’Afghanistan est prêt à coopérer au mieux pour que les sanctuaires terroristes situés au Pakistan soient éliminées et que les attaques contre l’Afghanistan cessent », a-t-elle affirmé.

Les deux pays entretiennent des relations compliqués et chacun accuse l’autre de soutenir les terroristes qui frappent sur leur territoire. Ainsi, en 2013, les puissants services de renseignement pakistanais (ISI, Inter-Services Intelligence), lesquels ont des liens présumés avec le taliban afghans et le Lashar-e-Taïba, avaient accusés les autorités afghanes de soutenir le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), responsable de la vague d’attentats commis depuis 2007.

Récemment, Kaboul a retourné l’accusation, notamment après l’attaque du Serena Hotel, en mars dernier.  » L’enquête menée après le dramatique incident a révélé que les services secrets pakistanais étaient impliqués dans la préparation de » l’attentat, avaient fait valoir les services de renseignement afghan (NDS), dans un communiqué.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]