M. Le Drian rend hommage aux SAS français

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C’est un épisode du Débarquement qui est encore relativement peu connu du grand public Au cours de la nuit du 5 juin 1944, soit quelques heures avant le Jour J, 4 « sticks » du 4e Bataillon d’Infanterie de l’Air (BIA), alors intégré à la brigade SAS (Special Air Service) britannique et placé sous les ordres du commandant Pierre-Louis Bourgouin, furent parachutés en Bretagne.

Plus précisément, et par une nuit épaisse, deux d’entre eux, commandés par les lieutenant Marienne et Deplante, sautèrent sur le secteur de Plumelec, à 15 km du Maquis de Saint-Marcel dans le Morbihan tandis que les deux autres, avec à leur tête les lieutenants Bottela et Deschamps, prirent la direction de la forêt de Duault dans les Côtes-du-Nord (rebaptisées depuis « Côtes d’Armor »).

Leur mission est simple : il s’agit de mettre en place des points d’appui (Dingson et Samwest) à partir duquel il sera possible de mener des actions de guérilla avec les mouvements de Résistance bretons, puis de faire une jonction avec les troupes débarquées en Normandie.

Seulement, pour le lieutenant Pierre Marienne, les choses ne se passent pas exactement comme prévues : son stick est en effet parachuté à 800 mètres de son objectif , dans un secteur où précisément les troupes allemandes (en fait, des supplétifs de l’armée Vlassov)ont installé un poste d’observation. Trois radios du commando sont alors faits prisonniers et le caporal Emile Bouétard (photo), blessé, n’aura pas droit à la moindre pitié de la part de l’occupant : conformément aux consignes données par Hitler en personne pour de telles circonstances, il est abattu.

« À 29 ans, ce jeune Breton, originaire des Côtes-d’Armor, est le premier homme à mourir pour le Débarquement, sur ce site d’Halliguen qui porte depuis lors sa mémoire », a souligné Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, lors d’une cérémonie organisée à Plumelec, ce 5 juin en hommage à ces SAS français.

Malgré ce coup dur, le lieutenant Marienne réussit à rassembler ce qui reste de son groupe et à prendre contact avec la Résistance locale. Peu à peu, le camp établi par les commandos s’organise avec le concours du maquis de Saint-Marcel. Les parachutages d’hommes (dont le commandant Bourgouin) et d’armes se poursuivent jusqu’à ce qu’il soit attaqué, le 18 juin, par les troupes allemandes.

Ayant pu se replier l’issue de durs combats (plusieurs dizaines de combattants y perdront la vie), le lieutenant Marienne – qui sera promu capitaine – établit un nouveau point d’appui à Kerihuel. Mais, le 12 juillet, sur la base de renseignements fourni par un traître aux Allemands et à la milice, il est assassiné (par balles, dans le dos) en même temps que le lieutenant Martin 5 autres parachutes et 11 combattants des Forces françaises de l’Intérieur (FFI).

Au total, du 5 juin au 6 août 1944, 178 SAS français prirent part aux combats en Bretagne et 77 d’entre eux y perdirent la vie, dont 73 du 4e BIA, qui, ayant appartenu originellement aux Forces aériennes françaises libres (FAFL), deviendra par la suite le 2e Régiment de chasseurs parachutistes (RCP).

Le 11 novembre 1944, le drapeau du 2e RCP recevra la Croix de la Libération des mains du général de Gaulle, avec cette citation :

« Formation d’élite qui, sous les ordres du lieutenant-colonel Bourgoin, a eu l’insigne honneur d’être la première unité française à combattre à nouveau sur le sol de la Patrie. Parachutée au-dessus de la Bretagne au cours du mois de juin, a réussi à grouper autour d’elle plus de 10 000 résistants. Avec cette aide et au prix de lourdes pertes, a procédé avec le plus grand succès à l’attaque de certains éléments ennemis et à de nombreuses destructions de réseaux téléphoniques, de dépôts de munitions et de voies de communication d’importance vitale pour l’ennemi. A eu une grande part dans le succès de l’offensive alliée à partir de la tête de pont de Normande et a été à l’origine de la libération de la Bretagne ».

En 1945, le 2e RCP fut renforcé par les effectifs du 3e RCP, ancien 3e Bataillon d’infanterie de l’air, alors dissous. Ce dernier compta notamment dans ses rangs le capitaine Pierre Chateau-Jobert (alias Conan).

Aujourd’hui, les traditions de cette unité française la plus décorée de la Seconde Guerre Mondiale ont été reprises par le 1er Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine (RPIMa).

« Alors que nous rendons aujourd’hui un hommage solennel à ces hommes qui ont accompli le sacrifice ultime pour rendre la France à la France, nous mesurons la valeur d’un engagement qui va plus loin que la libération d’un territoire. Le combat de ces hommes, c’est un combat universel, un combat pour la liberté, contre l’intolérance et l’injustice, qui nous honore autant qu’il nous oblige. A leur égard, nous avons une dette inestimable », a insisté M. Le Drian, lors de son allocution prononcé à Plumélec.

À l’issue de la cérémonie, le ministre de la Défense a fait part de son émotion particulière. « C’est le début de la libération du pays qui commence en Bretagne, à Plumélec, et qui se terminera le 9 mai 1945 à Lorient, dernière ville libérée », a-t-il déclaré. « C’est pour moi, Breton, très émouvant », a-t-il ajouté.

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