Troubles politiques en Abkhazie, avec un ancien du KGB à la manœuvre

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République séparatiste géorgienne, l’Abkhazie profita de la guerre entre la Russie et la Géorgie en Ossétie du Sud pour proclamer son indépendance à l’égard de Tbilissi et se rapprocher davantage de Moscou.

La Russie a toujours eu un œil sur l’Abkhazie, où elle bénéficie d’ailleurs de facilités militaires. D’une manière générale, la classe politique abkhaze est pro-russe, mais à des degrés divers.

Ainsi, lors de l’élection présidentielle d’octobre 2004, aucun des 5 candidats n’était antirusse. Toutefois, Moscou avait affiché sa préférence en faveur d’un certain Raoul Khadjimba, un ancien  du KGB, comme Vladimir Poutine. Seulement, ce fut Sergueï Bagapch qui remporta le scrutin. Le Kremlin n’y perdit pas au change puisque ce fut sous la houlette de ce dernier que l’Abkhazie proclama son indépendance, seulement reconnue à ce jour par la Russie, le Venezuela, le Nicaragua et les Tuvalu.

 la mort de Bagapch, à Moscou, en 2011, Alexandre Ankvab, qui assurait l’intérim, fut élu président en septembre, avec 54,86 % des voix, aux dépens, une nouvelle fois, de Raoul Khadjimba.

Sur fond de corruption et de magouilles en tous genres, Ankvab fut la cible d’un attentat manqué en février 2012, à 18 jours des élections législatives. Ce n’était que le 6e depuis 2005… À l’époque, Moscou proposa son aide dans l’enquête ouverte pour tenter de retrouver les commanditaires.

Mais finalement, c’est par un coup de force de l’opposition, emmenée par Khadjimba, qu’Ankvab sera poussé vers la sortie et contraint à la démission. Le 28 mai, à l’issue du manifestation ayant rassemblé plusieurs milliers de personnes, la foule prit le contrôle du siège de la présidence à Soukhoumi, obligeant ainsi le chef de l’Etat à prendre la fuite. « C’est une tentative de coup d’Etat », déclara-t-il le lendemain.

Dans le même temps, Raoul Khadjimba affirma qu’un comité de coordination allait prendre « la direction de la république ».

Selon l’agence Ria Novosti, le Kremlin envoya sur place Vladislav Sourkov, un conseiller du président Poutine, pour établir une médiation entre Khadjimba et Ankvab, dont le départ fut d’ailleurs exigé par une motion votée au Parlement. Et, après des jours de confusion, entretenue par les médias russes, ce dernier a fini par annoncer, ce 2 juin, sa démission. Une élection présidentielle anticipée aura lieu le 24 août prochain et l’intérim sera assuré par le président du Parlement, Valeri Bangba.

« Afin de maintenir la stabilité dans le pays, (…) j’ai démissionné de mon poste de président de la République d’Abkhazie », ainsi déclaré Alexandre Ankvab dans un « discours à la nation » et dont l’AFP a reçu une copie. « J’appelle tout le monde à garder son calme, à maintenir la paix civile et à la mise en place de nouvelles élections dans un environnement normal », a-t-il ajouté.

« La Russie travaillera activement avec le nouveau président abkhaze, son gouvernement et le Parlement », a commenté l’envoyé du président Poutine en Abkhazie. « Le principal a été atteint : un règlement pacifique de la crise », a-t-il estimé.

D’après Courrier International, qui cite le journal en ligne russe Vzgliad, les manifestants qui ont demandé et donc obtenu le départ d’Ankvab auraient dénoncé « la corruption et le style dirigiste des autorités » ainsi qu’une « intégration insuffisante avec la Russie », laquelle a investi 18 milliards de roubles en Abkhazie entre  2010 et 2013.

En outre, deux semaines plus tôt, « les représentants de la diaspora abkhaze à Moscou ont évoqué le besoin d’établir des relations d’association entre l’Abkhazie et la Russie. Le gouvernement abkhaze y a réagi très durement », explique  Asker Sokht, le responsable de l’association Adyge Khase, cité par Ria Novosti. Aussi, la nouvelle donne politique à Soukhoumi pourrait donner lieu à une intégration plus poussée de la république séparatiste géorgienne à la Russie.

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