Plus de 70% des Français ont une bonne opinion des armées… Mais c’est après que ça se corse

Qu’elles sont parfois curieuses car contradictoires les réponses données par les personnes interrogées pour les besoins d’un sondage sur les forces armées, réalisé les 29 et 30 avril par l’institut YouGov à la demande du quotidien 20 Minutes…

Premier point, et c’est toujours rassurant, 72% des sondés ont affirmé avoir une bonne opinion de l’armée française. Cela étant, cette adhésion varie selon les classes d’âge. Les jeunes gens âgés de 18 à 24 ans et de 25 à 34 ans sont les plus réservés : ils sont respectivement 66,4% et 63,3% à partager ce sentiment, soit 14 à 17 points de moins par rapport aux plus de 55 ans.

Toujours sur les questions d’images, les avis sur l’action du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, sont plutôt partagés, même s’ils sont légèrement à son avantage : 35,8% en ont une bonne opinion contre 30,8% qui ont une opinion contraire. A noter le fort taux d’indécis, qui s’élève à 33,4%.

C’est en tout cas mieux que le président Hollande, chef des armées, dont l’action est bien vue par seulement 31,5% des personnes interrogées, 52,8% ayant exprimé une opinion défavorable à son endroit. Sans doute que son impopularité actuelle y est pour beaucoup.

Mais le plus intéressant dans ce sondage porte sur la politique de défense en elle-même. Pour près de la moitié des sondés (49,7%), les récentes opérations extérieures menées par l’armée française, comme au Mali ou en Centrafrique, ne sont « pas justifiées ». Ce qui fait tout de même beaucoup pour des missions dont l’assentiment de l’opinion publique est important pour les militaires envoyés sur le terrain.

S’agissant du budget (31,4 milliards d’euros en théorie), 22,2% pensent qu’il est trop élevé et 40,3% estiment qu’il est « plutôt élevé mais que cela reste dans l’ordre des choses ». Ce qui ne veut pas dire que son niveau soit contesté. Pour d’autres, au contraire, il est « plutôt insuffisant mais ça reste dans l’ordre des choses » (17,3%), voire même qu’il est insuffisant (10,2%, soit autant que ceux qui n’ont pas d’avis sur ce sujet).

Quant à la dissuasion nucléaire, les réponses proposées par YouGov sont ambiguës. Quelle différence peut-on faire entre « nécessaire » et « indispensable »? Ainsi, 34,4% des sondés ont répondu que la force de frappe était « nécessaire » mais pas « indispensable » à la sécurité nationale… Ils sont toutefois 38,4% à dire qu’elle est totalement « indispensable », contre 18,1% qui pensent l’opposé.

Autre sujet : celui d’une « armée européenne qui permettrait de mutualiser les forces et les matériels ». Plus de 48% (dont 55,5% chez les plus de 55 ans) souscrivent à cette idée (avec des nuances toutefois), contre 38,5% qui souhaitent que chaque pays garde ses propres forces armées.

Le général de Gaulle demandait « Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe variétés 365 de fromages? »… C’est ce que l’on peut penser en regardant les réponses parfois contradictoires données au sujet de la conscription.

Ainsi, près de 68% des personnes interrogées ont une bonne opinion de la professionnalisation des armées mais 57,7% seraient d’accord pour rétablir le service militaire.Une majorité nette en ce sens se dessinent chez ceux qui ont connu la période de la conscription et qui ne risquent donc plus d’être appelés sous les drapeaux. Toutefois, 46% des 25-34 s’y disent favorables, ce qui est quand même relativement élevé (en fait, cette classe d’âges est partagée).

Toutefois, un service civique obligatoire, cher à Kader Arif, le secrétaire d’Etat aux Anciens combattant, est plebiscité à 64,4% (et 75,8% des plus de 55 ans, cette idée étant minoritaire chez les plus jeunes).

Enfin, si les forces armées ont la cote auprès de l’opinion, elles ne suscitent pas beaucoup de vocations. A la question « Pourriez-vous aujourd’hui envisager de travailler dans l’armée? », posée à toutes les classes d’âges, ce qui n’est pas le plus pertinent, à moins d’envisager de recruter des grenadiers-voltigeurs sexagénaires, 62,9% des jeunes âgés de 15 à 24 ans ont répondu « non ». De même que 59,5% des 25-34 ans. Ce qui peut poser un réel problème pour le recrutement.

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