Tensions entre le Vietnam et la Chine aprés un incident naval

Le fait d’avoir d’importants liens économiques n’empêche pas les tensions susceptibles d’avoir des conséquences fâcheuses. Tel est le cas du Vietnam et de la Chine, deux pays qui se disputent l’achipel des Paracels, supposé receler d’importantes réserves pétrolières et qui fut autrefois intégré à l’Indochine française (entre 1885 et 1949).

Tout a commencé par l’annonce faite par Pékin d’y installer une plateforme de forage pétrolier dans les eaux de cette région de la mer de Chine méridionale. Comme attendu, Hanoï n’a pas manqué de protester. Et les autorités vietnamiennes ont fait encore plus que cela en envoyant sur place, au début du mois, des navires patrouilleurs de ses garde-côtes.

Là encore, il s’est produit ce qu’il devait arriver, à savoir des incidents entre les navires de protection chinois et ceux des garde-côtes vietnamiens. La semaine dernière, les deux capitales se sont envoyées quelques amabilités, pendant que le Japon exprimait ses inquiétudes et que les Nations unies proposaient leurs bons offices.

Mais visilement, la colère n’est pas retombé au Vietnam, où de violentes manifestations anti-chinoises ont éclaté ces derniers jours. Il est difficile d’avoir un bilan détaillé de ces émeutes. L’on sait qu’il y a eu un certain nombre de victimes ainsi que 500 arrestations et que les tensions s’étendent à l’ensemble du pays (du moins à 22 de ses 63 provinces).

Des usines chinoises – et taïwanaises – ont ainsi été pillées, incendiées et détruites, comme celles du groupe China 19th Metallurgical Corporation, sans doute le plus durement touché par cette flambée de violence. Le 13 mai, au moins 10 d’entre elles ont connu un tel sort dans la région de Ho Chi Minh-Ville (ex-Saïgon), la capitale économique du Vietnam.

Habituellement, les autorités vietnamiennes (pour rappel, le Vietnam a un régime autoritaire à parti unique, comme en Chine) n’autorise aucune contestation. Aussi, il est fort probable qu’il ait fermé les yeux sur les manifestations anti-chinoises avant d’être dépassé par leur ampleur.

D’ailleurs, c’est l’estimation faite par Pékin. « Cette flambée de violences est directement liée à l’indulgence du gouvernement vietnamien et à sa connivence avec une partie des forces anti-chinoises et des fauteurs de troubles », a ainsi affirmé, le 15 mai, Mme Hua Chunying, porte-parole de la diplomatie chinoise.

« Nous avons émis une protestation solennelle à l’égard du Vietnam et appelé Hanoï à prendre ses responsabilités, à sévir contre les émeutiers et à indemniser les citoyens et entreprises chinoises », a-t-elle ajouté.

Dans l’histoire récente, les relations sino-vietnamiennes ont été marquées par deux conflits, en 1979 et en 1984. Voire même 3 si l’on compte la bataille navale pour le contrôle des Paracels en 1974 (à l’époque, le Vietnam n’était pas encore réunifié).

Dans la région Asie-Pacifique, le Vietnam est relativement isolé sur le plan militaire, au contraire de pays comme les Philippines, le Japon ou encore la Corée du Sud, lesquels ont des accords de défense avec les Etats-Unis.

« La Chine semble avoir agi au moment où le Vietnam est le plus vulnérable », a estimé Carl Thayer, un analyste de l’Australian Defence Force Academy, sollicté par l’agence Reuters. « Il y a un risque que les autres pays disent que ce n’est pas leur problème », a-t-il ajouté.

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