7 mai 1954 : Diên Biên Phu ne répond plus

« Les Viêts piétinent, ils croyaient avancer contre des hommes, ils se heurtent à un mur d’acier » (*). Mais il y a exactement 60 ans, le 7 mai 1954, vers 17h00, ce mur d’acier qu’était la garnison de Diên Biên Phu tombait, après 57 jours de combat, de boue, de feu, de privations, d’abnégation, de sacrifices, d’actes héroïques, de panache aussi…

Artilleurs, Bigors, Marsouins, Légionnaires… Ils auront été plus de 15.000 à se battre, entre le 20 novembre 1953 et la chute du camp retranché. Selon l’ECPAD, « plus de 3 300 d’entre eux ont été tués ou sont portés disparus. Plus de 5 000 ont été blessés dont 3 500 ont été opérés dans les antennes chirurgicales du camp. Plus de 10 000 combattants sont faits prisonniers ». Et 70% ne revinrent pas vivants des camps Viet-Minh. Et certains qui auront tenu jusqu’à leur libération mourront plus tard, des suites des conditions horribles de leur détention. Bizarrement, ce crime de guerre commis par l’adversaire – qui n’a respecté aucune convention, au contraire de la France – n’est jamais souligné. Ou si peu…

Outre les combattants au sol, il ne faut pas oublier non plus les aviateurs et les marins de l’aéronautique navale. Au moins 50 appareils ont été abattu ou détruits par l’artillerie viet, sans compter ceux rentrés endommagés. Chaque jour, les B-26 Invader et les C-47 de l’armée de l’Air, ou encore les Privateer de la Marine ont enchaîné les missions au-dessus de la cuvette (Delta Bravo Papa ou Torri Rouge), souvent dans des conditions météo déplorables.

Il n’est pas question de commémorer une défaite. Mais de rendre hommage à ces combattants du Corps expéditionnaire français d’extrême-Orient, composé, faut-il le rappeler, de soldats de toutes origines. Leur abnégation, le sens du sacrifice et leur courage doivent être une source d’inspiration au quotidien. L’un d’eux, le lieutenant Paul Brunbrouck, un bigor du 4e Régiment d’artillerie coloniale (interprété par Maxime Leroux dans le film de Pierre Schoendoerffer « Diên Biên Phu »), mort le 13 avril 1954, disait : « Pour moi, la France n’est pas un vain mot. Ce qui donne un sens à la vie donne un sens à la mort ». A méditer

(*) Erwan Bergot

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]