Selon le commandant de l’Otan, la Russie atteindra ses objectifs sans avoir à envahir l’est de l’Ukraine

Il y a encore queques jours, le commandant suprême des forces de l’Otan (SACEUR), le général américain Philip Breedlove, pensait que les forces russes allaient probablement envahir le sud de l’Ukraine afin d’y ouvrir une voie vers la Crimée avant de peut-être continuer leur progression vers Odessa, avec en ligne de mire la Transnistrie, qui, bien que techniquement rattachée à la Moldavie, demande son rattachement à la Fédération de Russie.

Début avril, le SACEUR avait même estimé qu’avec 40.000 hommes massés à la frontière ukrainienne ainsi que des avions d’attaque au sol, des hélicoptères et des capacités de guerre électronique, étaient prêtes à « y aller » et à atteindre leurs objectifs « en trois à cinq jours » s’ils en recevaient l’ordre.

Seulement, le général Breedlove a depuis changé d’opinion. S’il se dit convaincu que des forces spéciales russes sont à l’oeuvre dans l’est ukrainien, comme elles le furent avant l’annexion de la Crimée en mars pour y provoquer des troubles, il a affirmé, le 5 mai, devant des militaires et des diplomates réunis à Ottawa (Canada), penser « désormais que Poutine pourrait atteindre ses objectifs » en Ukraine « et ne jamais faire traverser la frontière à ses forces ».

« Je pense que le plus probable, désormais, est que (Poutine) continue à discréditer (le gouvernement ukrainien), provoquer des troubles et ouvrir la voie à un mouvement séparatiste » afin de renforcer l’emprise russe sur l’est de l’Ukraine, a-t-il expliqué.

En clair, le président russe appliquerait des préceptes définis par le stratège chinois Sun Tzu : « La meilleure stratégie est celle qui permet d’atteindre ses objectifs sans avoir à se battre » ou encore « L’art de la guerre, c’est soumettre l’ennemi sans combat ».

Pour le moment, les troubles signalés à Slabiansk, Donetsk ou encore Odessa compliquent la tenue de l’élection présidentielle qui, prévue le 25 mai prochain, devra désigner un successeur à l’ex-président ukrainien pro-russe Viktor Ianoukovitch, destitué en février dernier.

Pour Moscou, qui ne reconnaît par les autorités de transition en place à Kiev, ce scrutin serait « absurde » dans le contexte actuel. A contrario, le président Hollande a redouté un éventuel « chaos » et « un risque de guerre civile » si jamais cette consultation ne devait pas avoir lieu.

« Si les élections du 25 mai n’ont pas lieu – ces élections présidentielles qui sont la sortie normale d’une crise -, nous passerons au stade 3 des sanctions », a averti Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères. Quant à son homologue britannique, William Hague, est il a accusé la Russie « d’avoir l’intention d’empêcher et de perturber ces élections ».

Cela étant, les évènements en cours avaient été annoncés par le quotidien russe Vedomosti. « Si l’on rationalise la politique du Kremlin à l’égard de Kiev, toute intervention militaire dans le sud-est de l’Ukraine paraît inutile et sans intérêt. La situation sociale et le niveau de soutien n’ont rien à voir avec ce qui a été constaté en Crimée, les risques sont beaucoup plus élevés à tous points de vue, notamment financiers », estimait-il en avril.

Et d’ajouter : « La politique actuelle du Kremlin consiste donc à soutenir et contrôler l’instabilité dans l’est de l’Ukraine, afin de mettre en doute la légitimité de l’élection présidentielle et d’essayer d’influer sur les réformes constitutionnelles dans l’ex-république soviétique ».

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