Moscou répondra si ses intérêts sont visés en Ukraine
L’on dira sans doute que le rapport commandé en 2009 par l’Union européenne à un groupe d’experts au sujet du conflit entre la Géorgie et la Russie manque d’objectivité… Toujours est-il que, selon ses conclusions, ce serait bel et bien la Géorgie qui aurait déclenché, en août 2008, les hostilités en Ossétie du Sud, ce qui motiva l’intervention militaire russe.
Mais ce document avait également souligné la responsabilité de la Russie dans cette affaire, Moscou ayant fait monter la tension dans cette région séparatiste géorgienne, poussant Tbilissi à la faute, à l’image d’un footballeur qui ne cesse de mettre des coups dans les chevilles en espérant une vive réaction de son adversaire… Réaction qui le renverra peut être au vestiaire, pour peu que l’arbitre ait le carton rouge facile.
A bien des égards, il semble que l’on assiste à la même chose dans l’est de l’Ukraine. D’ailleurs, le ministre russe des Affaires étrangères, Segueï Lavrov, a fait le parallèle avec l’Ossétie du Sud, ce 23 avril, en se gardant, bien entendu, de confirmer le moindre rôle de Moscou dans les tensions séparatistes en cours actuellement.
« Si nos intérêts, nos intérêts légitimes, les intérêts des Russes étaient attaqués directement, comme par exemple ils l’avaient été en Ossétie du Sud, je ne vois pas d’autre manière que de répondre, dans le respect du droit international », a ainsi affirmé M. Lavrov. « Une attaque contre les citoyens russes est une attaque contre la Russie », a-t-il ajouté.
En Ossétie du Sud et en Abkhazie (une autre région séparatiste géorgienne), la Russie avait distribué, à partir de 2000, des passeports russes aux habitants. Ce qui pouvait justifier l’intervention militaire russe contre la Géorgie. La même chose a été faite récemment en Crimée. Et il est désormais question de l’étendre à l’ensemble des russophones établis dans les pays de l’ex-URSS, comme l’a annoncé le Kremlin, le 21 avril. En clair, les séparatistes ukrainiens pourraient devenir citoyens russes…
Par ailleurs, et après avoir dénoncé le rôle des Etats-Unis auprès des autorités de transition ukrainiennes, le ministère russe des Affaires étrangères a de nouveau insisté pour Kiev retire ses troupes déployés dans l’est du pays, où elles ont lancé une « opération antiterroriste », suspendue le temps de fête pascale.
« La Russie insiste de nouveau sur la désescalade immédiate de la situation dans le Sud-Est de l’Ukraine, sur le retrait des troupes ukrainiennes et le début d’un réel dialogue inter-ukrainien avec toutes les régions et les formations politiques du pays », a-t-il fait valoir dans un communiqué.
Quant à l’accord conclu la semaine dernière à Genève et qui prévoyait notamment le désarmement des groupes armés illégaux et l’évacuation des bâtiments occupés dans les villes ukrainiennes, il est désormais lettre-morte… les séparatistes pro-russes l’ayant rejeté.