La Lituanie entend installer 3 radars de surveillance aérienne près de la frontière biélorusse

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Avec les évènements en Ukraine, la Lituanie a des raisons de s’inquiéter de son voisin russe, d’autant plus que les relations entre Vilnius et Moscou ont été agitées par le passé. En 1991, alors que le monde avait les yeux rivés sur le Koweït et l’Irak, les Etats baltes furent envahis par les troupes soviétiques alors qu’ils venaient de proclamer leur indépendance à l’égard de l’URSS, alors dirigée par Mikhaïl Gorbatchev. L’assaut ne dura que quelques jours mais il marqua profondément les esprits.

Comptant une importante minorité russe parmi sa population, coincée entre la Biélorussie et l’enclave russe de Kalingrad, la Lituanie a donc de quoi se sentir menacée. Qui plus est, c’est sous sa présidence qu’a été négocié l’accord de rapprochement entre l’Union européenne et l’Ukraine, lequel fut refusé par le président Ianoukovitch, avec les conséquences que l’on connaît à Kiev. A cela s’ajoute l’attitude de Moscou, qui a relevé le prix de son gaz tout en limitant les importations en provenance de ce pays balte membre de l’Otan.

En 2011, la Russie a installé un radar d’alerte avancé dans l’enclave de Kaliningrad. D’une portée d’environ 6.000 kilomètres, il serait en mesure de « contrôler simultanément jusqu’à 500 cibles », selon le ministre russe de l’époque, Anatoli Serdioukov, aujourd’hui tombé en disgrâce.

Récemment, Moscou a envoyé en Biélorussie 6 avions de combat de type Su-27 ainsi qu’un A-50, un appareil de surveillance aérienne, en expliquant qu’il allait permettre « d’élargir le potentiel de la reconnaissance radar, de mieux désigner les cibles pour les chasseurs biélorusses et russes et d’améliorer la gestion des forces opérationnelles du système conjoint russo-biélorusse de défense antiaérienne ». En outre, les forces aériennes russes ont annoncé, en juillet dernier, leur intention d’y installer une base permanente, précisément à Lida, à deux pas de la Lituanie.

Les inquiétudes des pays baltes sont donc loin d’être irrationnelles. Et le problème est qu’ils n’ont pas les moyens de se défendre. D’où la raison pour laquelle leur espace aérien est surveillé par des avions de l’Otan, dont le nombre a été revu à la hausse.

Cependant, des annonces ont été faites au sujet d’une hausse du budget de leurs forces armées respectives. La Lituanie entend ainsi doubler le sien dans les années à venir. Et le moins que l’on puisse dire est que les besoins sont énormes.

Ainsi, pour la surveillance aérienne, le pays utilise des radars P-18 et P-37, deux modèles hérités de la période soviétique, datant des années 1970. D’où l’annonce du ministre lituanien de la Défense, Juozas Olekas, de les remplacer d’ici 2019 par trois nouveaux systèmes et de les déployer près de la frontière avec la Biélorussie.

« Les évolutions de la situation sur la plan de la sécurité imposent de nouvelles solutions. Nous ne devons pas seulement compter sur le soutien de nos alliés mais aussi sur nous-mêmes », a expliqué le ministre, en faisant référence aux tensions régionales liées à l’intervention russe en Crimée, désormais ex-république autonome ukrainienne.

Le coût de cette acquisition est estimé à 81 millions de dollars. Les radars commandés seront à longue portée et l’un d’eux sera installé à Ignalina, dans l’est du pays.
Photo : Un radar P-18

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