Les dépenses militaires mondiales ont reculé de 1,9% en 2013

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La dernière étude du Stokholm International Peace Research Institute (Sipri) concernant l’évolution des dépenses militaires mondiales en 2013 donne des résultats en trompe-l’oeil.

Pour l’année 2012, l’institut suédois avait déjà noté une baisse de 0,4% de ces dépenses, ce qui était alors une première depuis 1998. Ce recul se serait accentué un an plus tard, avec une baisse de 1,9% en termes réels, pour atteindre les 1.750 milliards de dollars.

Mais à regarder ces chiffres de plus près, cette diminution est essentiellement due aux réductions des budgets militaires des pays occidentaux, et en particulier celui des Etats-Unis, où les ressources allouées au Pentagone ont baissé de 7,8%.

Le Sipri explique que cette baisse est due à la fin de la guerre en Irak et au début du retrait des troupes d’Afghanistan. Pour rappel, ces opérations extérieures ont un financement particulier (Overseas Contingency Operations), dont le montant demandé pour 2015 sera de l’ordre de 80 milliards de dollars, soit seulement 5 milliards de moins par rapport à l’exercice fiscal en cours. Aussi, ce sont surtout les coupes automatiques (sequestration), en plus des économies programmées, qui sont principalement la cause de ce recul des dépenses militaires américaines.

Quant aux pays européens, leur effort de défense est resté soumis aux politiques d’austérité, censées remettre dans les clous leurs finances publiques. A de rares exceptions (Norvège et Pologne), les dépenses militaires des Etats du Vieux Continent ont à nouveau baissé en 2013. Au mieux, pour certains d’entre eux, elles sont restées stables selon la règle dite « zéro valeur », c’est dire qu’elles ne prennent pas en compte l’inflation.
S’agissant de la France, le Sipri note que « malgré sa croissance économique faible », elle a « largement maintenu ses dépenses militaires pendant la crise économique mondiale, avec des dépenses en 2013 inférieures de seulement 4% à celles de 2008 ».

Mais ce qui ne montre pas ce recul de 1,9% est l’effort accompli par les pays émergents et en développement en matière de défense. Car les dépenses militaires dans le reste du monde, hors Etats-Unis ont en fait augmenté de 1,8%.

Selon l’étude du Sipri, les dépenses militaires de l’Arabie Saoudite ont augmenté de 14% pour atteindre 67 milliards de dollars et sont désormais supérieures à celles du Royaume-Uni, du Japon et de la France et se classent au 4e rang mondial. Cet effort significatif peut s’expliquer par les tensions avec l’Iran et la volonté de maintenir des forces de sécurité fortes en cas de contestations internes, le pays comptant un forte minorité chiites, notamment dans ses bassins pétroliers.

« Les trois plus grands dépensiers – Chine, Russie et Arabie Saoudite (et donc hors Etats-Unis) – ont effectué des augmentations de dépenses militaires substantielles », note l’insistut suédois. Ils « figurent parmi les 23 États qui ont plus que doublé leurs dépenses militaires depuis 2004 », ajoute-t-il.

« L’augmentation des dépenses militaires dans les pays émergents et en développement se poursuit sans relâche. Si dans certains cas elle est la conséquence naturelle de la croissance économique ou une réponse à de réels besoins de sécurité, dans d’autres cas elle représente un gaspillage des recettes provenant des ressources naturelles, la domination de régimes autocratiques ou l’émergence de courses aux armements au niveau régionaux », explique le Dr Sam Perlo-Freeman, directeur du programme Dépenses militaires du Sipri.

Au Moyen-Orient, outre l’Arabie Saoudite, d’autres pays ont augmenté significativement leurs dépenses militaires. C’est le cas de Bahreïn (+26%) mais surtout de l’Irak (+27%).

« Les données sur les dépenses militaires de l’Iran, du Qatar, de la Syrie et des Émirats arabes unis ne sont pas connues pour 2013, ce qui signifie que le montant total estimé pour la région est très incertain. Cela reflète l’opacité générale des dépenses militaires dans la région, et même si les données étaient disponibles, il n’est pas certain qu’elles couvriraient pour autant l’ensemble des dépenses militaires », a commenté le Dr Perlo-Freeman. En clair, cela veut dire que le niveau des crédits affectés aux forces armées dans cette région (+4% en 2013) sont sous-estimés.

L’Afrique est une partie du monde où les crédits militaires ont connu une forte augmentation l’an passé (+8;3%), pour atteindre les 44,9 milliards de dollars. Et encore l’étude du Sipri ne concerne que les 2/3 des pays africains pour lesquels il existe des données. Dans ce tableau, l’Algérie arrive une nouvelle fois en tête, avec un budget de 10 milliards pour ses forces armées (+8,8% sur un an, +176% depuis 2004). Mais la plus forte hausse annuelle (+36%) revient à l’Angola,  ce pays devenant le « plus grand dépensier en Afrique sub-saharienne, et se classe second sur tout le continent ».

Enfin, avec un total de 407 milliards de dollars, les dépenses militaires en Asie-Pacifique ont progressé de 3,6% en 2013 restent donc supérieures à celles de l’Europe. Cette hausse est essentiellement due à la Chine, avec une hausse de son effort de défense de 7,4%. Le Sipri estime les ressources de l’Armée populaire de libération à 188 milliards de dollars, soit un montant largement supérieur au chiffre officiel. Cet effort chinois en matière militaire entraîne dans son sillage d’autres pays, comme le Vietnam, les Philippines ou encore le Japon.

« Les inquiétudes face à la montée en puissance militaire de la Chine, combinées aux politiques nationalistes du gouvernement nippon, ont conduit le Japon à mettre fin à la longue baisse graduelle de ses dépenses militaires. Néanmoins, la plus forte augmentation dans la région en 2013 est réalisée par l’Afghanistan – avec 77 % – qui forme ses forces de sécurité en vue du retrait de la plupart des troupes étrangères à la fin 2014 », note le Dr Perlo-Freeman.

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