L’Otan diffuse des images satellites montrant les moyens militaires russes déployés près de l’Ukraine

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Récemment, le commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR), le général Philip Breedlove, a indiqué que 40.000 soldats russes, « prêts à y aller », sont actuellement déployés près de l’Ukraine. Et de préciser, au Wall Street Journal, qu’ils pourraient « atteindre leurs objectifs en trois à cinq jours ».

Ce à quoi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a répondu que ces troupes effectuent en ce moment des manoeuvres et qu’elles « rentreraient » une fois ces dernières seraient terminées.

En attendant, le Commandement Allié Opérations (ACO) a diffusé, le 10 avril, plusieurs photographies satellites fournies par la société privée DigitalGlobe montrant une partie des moyens militaires russes déployés à la frontière orientale de l’Ukraine.

Sur ces images, prises fin mars/début avril, l’on peut distinguer des véhicules de transport et de logistique, des blindés de combat d’infanterie, des hélicoptères Mil Mi-8 et Mi-24 stationnés à Belgorod, à 40 km de la frontière ukrainienne. Plus près encore, à 20 km de l’espace aérien ukrainien, des clichés datés du 22 mars montrent des avions de combats de type Su-33 ainsi qu’un Beriev A-50 Mainstay (voir photo), l’équivalent russe de l’AWACS.

La base aérienne de Boutourlinovka, qui, située à 150 km de la frontière, était désaffectée avant le début de la crise avec Kiev, selon l’Otan, a accueilli, le 2 avril, des avions Su-24, Su-27/30 ainsi que des MiG-31. L’on peut voir sur d’autres photographies des unités de blindés léger et des pièces d’artillerie.

« C’est une force qui est opérationnelle, en état d’alerte, et qui, comme nous l’avons montré avec ces photos, est proche des routes et des voies de communication », a commenté le général britannique Gary Deakin, le directeur du centre des opérations de crise (CCOMC), lors d’une conférence de presse donnée au siège du SHAPE, à Mons, en Belgique. « Elle dispose des moyens d’entrer rapidement en Ukraine si elle en reçoit l’ordre », a-t-il ajouté.

A Prague, le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, a également été catégorique. « Pour la première fois depuis que des pays comme la République tchèque ont gagné leur liberté et que la Guerre froide a pris fin, nous voyons un État essayer de s’approprier, sous la menace des armes, une partie du territoire d’un autre État », a-t-il accusé.

« Au moment où je m’adresse à vous, quelque 40 000 soldats russes sont massés aux frontières de l’Ukraine. Et ils ne sont pas là pour s’entraîner : ils sont prêts au combat. Nous l’avons vu sur les images satellites, jour après jour. La Russie attise les tensions ethniques dans l’est de l’Ukraine et y fomente des troubles. Et elle use de sa puissance militaire pour dicter à l’Ukraine fédéralisation et neutralité. Or c’est là une décision que seule l’Ukraine, État souverain, peut prendre. Et personne d’autre à sa place », a-t-il ajouté.

Côté russe, ces prises de vues ont été remises en cause. « Sur les photos publiées par l’Otan, on voit des troupes de la Région militaire sud en train de participer aux manœuvres tenues l’été dernier, y compris à proximité des frontières ukrainiennes », a affirmé un « officier haut placé de l’état-major général des forces armées russes » à l’agence Ria Novosti. En août de l’année passée, les forces russes ont effectivement organisé un exercice international appelé Fraternité d’armes 2013 dans la Région militaire sud…

Seulement, l’Otan a contesté les propos de cet officier russe de haut rang. « Les images publiées ont été collectées par les satellites de DigitalGlobe entre fin mars et début avril 2014. Elles ne sont pas classifiées et son disponibles dans le commerce », a fait valoir l’organisation dans un nouveau communiqué diffusé ce 11 avril.

Et pour bien appuyer sa démonstration, le SHAPE a diffusé des photographies prises en 2013 pour mieux les comparer avec celles du printemps 2014. « Il n’y a pas de preuve d’une quelconque activité militaire dans ces régions (ndlr, près de l’Ukraine) en 2013 ou au début 2014 », explique-t-il.
D’ailleurs, le choix de diffuser des photographies satellites fournis par un prestataire extérieur aurait dû éviter les accusations de manipulation. Car, bien évidemment, l’Otan ainsi que les Etats membres disposant de moyens d’observation spatiaux, n’ont pas besoin de DigitalGlobe pour suivre les mouvements des troupes russes.

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