Des combats entre miliciens anti-balaka et ex-rebelles de la Séléka ont fait 30 tués à 300 km au nord de Bangui

Les gendarmes mobiles français, destinés à intégrer, bientôt, l’opération de l’Union européenne EUFOR RCA, ont commencé à patrouiller dans les rues de Bangui encadrés par leurs camarades de la force Sangaris, ce 8 avril. Selon l’AFP, ils ont circulé à bord de 4×4 blancs.

La mission de cette cinquantaine de gendarmes est d’assurer la sécurité et la formation de leurs homologues locaux. Pour le moment, ils sont placés sous l’autorité de la force Sangaris, avant de rejoindre, donc, les rangs d’EUFOR RCA, laquelle ne sera opérationnelle que d’ici la fin mai.

C’est d’ailleurs aussi le cas d’une compagnie du 152e Régiment d’Infanterie (RI), chargée d’assurer la protection de l’aéroport de Bangui. Ces éléments seront rejoints par des militaires estoniens (une section), lituaniens (idem), espagnols, portugains, italiens (une section du génie) et finlandais. Au total, l’opération européenne comptera 800 hommes, dont 650 sur « le terrain ».

Cependant, à 300 km au nord de Bangui, précisément dans la région de Dékoa, des combats ayant opposé des milices anti-balaka et des ex-rebelles de la Séléka ont fait au moins 30 tués, ce 8 avril, selon la gendarmerie locale. Les victimes seraient essentiellement civiles.

« Les affrontements ont duré plus de quatre heures, faisant fuir les trois quarts des habitants de la région vers Sibut (60 km au sud), Kaga Bandoro (60 km au nord) et Bangui », a-t-il été précisé, selon l’AFP.

A priori, ce sont les miliciens anti-balaka qui ont attaqué des positions tenues par des ex-Séléka. Ces derniers ont alors reçu des renforts venus de Kaga Bandoro pour repousser les assaillants. « La plupart des victimes sont des civils fauchés par des balles perdues », a indiqué la gendarmerie locale.

Interrogé par Jeune Afrique sur la situation dans le nord-est de la Centrafrique, « où règne en maître » la Séléka, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, n’y a pas clairement répondu.

« Nos forces et celles de la Misca commencent à progresser vers l’est. Je suis déterminé à ce que ça aille jusqu’au bout. Nous avons pour cela besoin d’une OMP (opérations de l’ONU, ndlr), qui comprendra 11.000 hommes. En même temps, il faut ouvrir le processus politique. (…) Et cela doit se faire en bonne intelligence avec les chefs d’Etat voisins, qui n’ont aucun intérêt à ce qu’il y ait une partition de la Centrafrique », a-t-il affirmé, en se disant déterminé pour écarter la menace d’un tel scénario.

A noter également que, lors du même entretien, M. Le Drian a dit craindre une « infiltration » en Centrafrique des jihadistes de Boko Haram « si on n’y fait pas attention » et accusé clairement l’ex président Bozizé (renversé en mars 2013 par l’ex-Séléka) d’animer « sans aucune pudeur, de manière directe ou indirecte, une partie des réseaux anti-balaka », sans doute ceux appartenant à « la frange dure » de ce mouvement, décrite récemment par le général Soriano, le commandant de l’opération Sangaris.

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