L’Otan juge « incroyablement inquiétante » la présence militaire russe à la frontière ukrainienne

En 2010, l’Ukraine avait obtenu auprès de Moscou un rabais de 100 dollars par 1.000 m3 de gaz en échange du maintien de la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol, en Crimée. Maintenant que ce territoire est passé de facto sous le contrôle de la Russie, les autorités russes n’ont plus aucune raison de faire une fleur à Kiev, à qui il sera désormais un tarif figurant parmi les plus élevé en Europe. Et cela montre que le Kremlin n’est absolument pas disposé à mettre un peu d’huile dans les rouages…

D’ailleurs, la pression militaire reste forte à la frontière avec l’Ukraine. Même s’il a été dit que Moscou avait retiré des troupes (si peu… l’équivalent d’un bataillon), l’Otan la juge « incroyablement inqiétante ». En fait, ce n’est pas tant le volume des forces russes qui importe que leur composition.

Et, visiblement, selon des responsables militaires américains, cités par le Wall Street Journal, l’armée russe a concentré des réserves de matériels, de pièces de rechange, et de nourriture afin d’établir, le cas échéant, une ligne logistique en vue  d’un déploiement en Ukraine. Il y aurait en tout 40.000 hommes (dont la moitié en Crimée), avec des hélicoptères, des capacités de guerre électronique ainsi que des avions d’attaque au sol.

Pour le général Philip Breedlove, le commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR), les soldats russes « sont prêts à y aller et qu’ils pourraient remplir leurs objectifs en trois à cinq jours » s’ils en reçoivent l’ordre. Pour quelles raisons Moscou pourrait décider d’envahir l’Ukraine alors que les responsables russes ne cessent de répéter que tel n’est pas leur intention?

Le général Breedlove en voit plusieurs : établir un couloir terrestre vers la Crimée, accessible seulement par la mer pour les Russes, s’assurer du contrôle de l’est de l’Ukraine, industriel et en majorité russophone ou encore prendre le port d’Odessa avec en ligne de mire la Transnistrie, une république autonome moldave qui a demandé son rattachement à la Russie. En tout cas, cette présence militaire russe est « incroyablement inquiétante » pour le gradé américain. Un avis partagé, d’ailleurs, par Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Otan.

Côté russe, l’on a répondu à ces affirmations presque du tac au tac. Le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a affirmé, ce 3 avril, que Moscou a « posé des questions à l’alliance militaire de l’Atlantique nord ». Et « nous attendons non seulement des réponses, mais des réponses qui soient pleinement fondées sur les règles sur lesquelles nous nous sommes mis d’accord », a-t-il dit.

Quant aux forces massées à la frontière, M. Lavrov a fait valoir que la Russie avait le droit de déplacer ses troupes n’importe où à l’intérieur de son territoire et que celles actuellement déployées près de l’Ukraine « retourneraient à l’endroit où elles sont habituellement basées une fois leurs exercices militaires achevés ». Exercices qui, sauf erreur, n’avaient pas jusqu’alors été annoncés.

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