Les dauphins ukrainiens enrôlés dans la marine russe

Dans les années 1960, la marine américaine lança le programme NMMP (US Navy Marine Mammal Program) consistant à exploiter le système d’écholocation des dauphins. Pour évoluer dans leur environnement, ces mammifères marins émettent en effet des signaux sonores leur permettant de fonctionner comme un sonar. D’où l’idée de les utiliser pour repérer des mines sous-marines ou pour assister des plongeurs en difficulté.

Lors de l’intervention militaire américaine en Irak, les dauphins démineurs de l’US Navy furent envoyés dans les eaux du Golfe Persique, avec pour mission de repérer les mines du port d’Um Qasr. Au total, leur action aura permis d’en neutraliser une centaine.

Si l’on en croit l’US Navy, aucun de ces mammifères n’a été utilisé pour des missions « offensives ». En seraient-ils d’ailleurs capables? En tout cas, la marine soviétique lança un programme similaire en inaugurant un Océanorium en 1973 à Sébastopol, en Crimée, avec pour objectif de dresser des dauphins afin d’infiltrer de poser des mines près de navires et de neutraliser des nageurs de combats ennemis.

Pour cela, les Soviétiques imaginèrent un baudrier adapté pour transporter des mines et fixèrent des armes sur la tête des dauphins. L’expérience tourna court avec l’effondrement de l’URSS. Au moment du partage des restes de l’empire communiste, la marine ukrainienne récupéra naturellement le centre d’entraînement de Sébastopol, l’un des deux seuls au monde avec celui de San Diego, en Californie.

Que devinrent les dauphins de l’ex-marine soviétique? Selon la BBC, ils auraient été vendus à l’Iran en 2000… Ce n’est que 12 ans plus tard que l’Ukraine relança le programme, avec une première unité de 10 jeunes cétacés entraînés à retrouver des objets au fond de l’eau. Il était ensuite prévu de leur apprendre à patrouiller dans des zones définies pour repérer les intrusions sous-marines.

Mais avec la perte de la Crimée, annexée par la Russie, la marine ukrainienne devra se passer d’une grande partie de ses navires, passés sous pavillon russe, comme ses dauphins…

« Les ingénieurs de l’oceanarium créent de nouveaux instruments en vue d’utiliser plus efficacement les grands dauphins et les otaries (…). Nos spécialistes œuvraient pour concevoir des appareils envoyant un signal de détection d’une cible sous-marine par le dauphin sur l’écran d’un ordinateur. Mais la Marine ukrainienne n’avait pas les fonds requis pour développer ce savoir-faire et nous avons été obligés de fermer certains projets », a expliqué un employé du centre de Sébastopol à l’agence russe Ria Novosti.

Cela étant, si la marine russe compte utiliser à nouveau des dauphins pour ses opérations, l’US Navy envisage de remplacer une partie des siens à l’horizon 2017 par un robot sous-marin appelé Knifefish, ayant la forme d’une torpille longue de 7 mètres de long.

Pouvant patrouiller pendant 16 heures, le Knifefish devrait être doté d’un sonar particulièrement performant. Il sera mis en oeuvre avec le système anti-mines robotisé SeaFox, qui, guidé par un câble en fibre optique, fixe une charge pour neutraliser un engin explosif et le robot Kingfish Mark 18 Mod 2, récemment entré en service au sein de la Ve Flotte de la marine américaine.

Cependant, la technologie actuelle ne peut pas encore rivaliser avec les capacités extraordinaires des dauphins et autres lions de mer utilisés par l’US Navy. Mais ils le seront essentiellement pour des raisons de coûts.

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