Centrafrique : Pour la MISCA, les miliciens anti-balaka sont désormais considérés comme des ennemis

Le général congolais Jean-Marie Michel Mokoko, le chef de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA), la force mise sur pied par l’Union africaine, a haussé le ton, ce 26 mars, à l’égard des milices anti-balaka.

Jusqu’à présent, il a été dit que la mission en République centrafricaine, plongée dans le chaos par les affrontements entre combattants de l’ex-Séléka et miliciens anti-balaka, était compliquée en raison de l’absence d’ennemis clairement désignés. Or, ce n’est visiblement plus le cas maintenant. Du moins pour la MISCA.

« Désormais, nous considérons les anti-balaka comme des ennemis de la Misca. Et nous les traiterons en conséquence », a ainsi affirmé le général Mokoko, lors d’un entretien donné à Radio Ndeke Luka, une station privée centrafricaine. « Ils se permettent de tirer sur des gens qui sont venus ici pour essayer de mettre un terme à cette crise au bénéfice du peuple centrafricain dont ils font partie », a-t-il expliqué. « Nous les tenons pour responsables des attaques ciblées qui ont visé nos éléments ces derniers jours », a-t-il ajouté.

Depuis le 22 mars, de nouvelles violences entre musulmans et miliciens anti-balaka ont éclaté dans un quartier du secteur PK5. Les militaires de la MISCA et leurs homologues français de l’opération Sangaris ont en effet été pris à partie, ce qui a provoqué de leur part des ripostes.

Cette déclaration du général Mokoko fait suite à la mort d’un militaire congolais de la force panafricaine à Boali, le 25 mars. « Le véhicule dans lequel il voyageait avec trois autres soldats (…) a été attaqué par un groupe d’hommes armés. Les soldats de la MISCA ont riposté, tuant 12 assaillants, qui ont ensuite été identifiés comme des miliciens anti-Balaka. Parmi les assaillants tués figure un commandant anti-Balaka bien connu », a indiqué l’Union africaine.

En tout cas, elle a fait réagir Emotion Brice Namsio, l’un des coordonnateurs autoproclamés des anti-balaka. « Des éléments de la Misca se sont déployés samedi et dimanche au quartier Foûh et se sont mis à tirer sur la paisible population et on veut à chaque fois faire endosser la responsabilité aux anti-balaka. Non, trop c’est trop. Les anti-balaka ne sont pas là pour ça », a-t-il prétendu.

« Nous demandons à la population de garder le calme et de vaquer librement à ses occupations. Les anti-balaka ne riposteront à aucun tir, ni à aucune attaque. Ils ne sont pas des ennemis de la paix, mais c’est la Misca qui est l’ennemi du peuple centrafricain », a-t-il ajouté.

D’abord constitutées en comités d’autodéfense pour faire face aux exactions perpétrées par les combattants essentiellement musulmans de la coalition rebelle « Séléka », les milices anti-balakas ont à leur tour commis des atrocités contre les populations musulmanes en représailles.

En février, le général Soriano, le commandant de l’opération Sangaris, avait affirmé que ces miliciens seraient « chassés comme (…) des hors-la-loi-et des bandits ». Son homologue de la MISCA, le général camerounais Martin Tumenta Chomua, avait utilisé le même vocabulaire quelques jours plus tôt. Mais les deux officiers s’étaient alors gardé de les qualifier d' »ennemis ». Un pas que la mission africaine vient donc de franchir.

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