La mission de l’Union européenne EUFOR RCA est menacée

Voilà maintenant plusieurs semaines qu’il est question d’une mission de l’Union européenne en Centrafrique (EUFOR RCA). Le feu vert a été donné à cette dernière le 20 janvier dernier. Son commandant, en l’occurrence le général français Philippe Pontiès, a été désigné, de même que son quartier général, qui sera situé à Larissa en Grèce. Des promesses de contributions ont même été faites. Entre 800 et 1.000 hommes, a-t-il été avancé. Seulement, il restait encore à les traduire dans les faits. Et là, c’est une toute autre histoire.

Depuis février, quatre conférences dites de « génération de force » ont été organisées afin de confirmer (ou d’infirmer) les participations des pays membres de l’Union européenne. Et cela avec l’objectif de pouvoir disposer d’une capacité opérationnelle d’ici la fin mars et d’une « pleine capacité » en avril.

L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit de fournir un appui aux troupes françaises de l’opération Sangaris ainsi qu’à celles de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique, dont les effectifs sont a actuellement insuffisants, dans l’attente d’une mission de maintien de la paix des Nations unies.

Seulement, cette mission EUFOR RCA, qui permettrait en outre aux responsables français de dire que la France n’est « pas seule » en Centrafrique, risque de ne pas voir le jour. Tout simplement parce que les Etats membres de l’UE ne sont pas pressés de des effectifs nécessaires pour armer l’équivalent d’un régiment…

« Nous manquons en particulier, toujours de fournisseurs de logistiques, de personnel pour le quartier général et d’unités d’infanterie… Aujourd’hui, le commandant de la mission n’a toujours pas de troupes suffisantes à sa disposition pour conduire l’opération », a écrit Catherine Ashton, chef de la diplomatie de l’UE, dans un courrier adressé le 11 mars aux gouvernements des Etats membres. « Les difficultés nous éprouvons dans la fourniture des capacités nécessaires pour établir la force de l’Union européenne mettent ces plans en danger », a-t-elle affirmé.

Selon une source proche du dossier interrogée par l’agence Reuters, il manque environ 80% des effectifs. Pour le moment, seuls la France, le Portugal, l’Estonie, la Lettonie et la Géorgie (qui ne fait pourtant pas partie de l’UE, ndlr) ont fait connaître leurs intentions. Aussi, le général Pontiès aurait conclu, qu’en l’était, il ne pouvait pas recommander le lancement de la mission.

« Sur le long terme, l’Union Européenne risquera tout simplement de perdre toute crédibilité. Car, notre déploiement avait été annoncé à tous nos partenaires en Centrafrique, à ceux de la sous région, à l’Union Africaine et aux Nations Unies », a fait valoir Mme Ashton, dans son courrier envoyé la veille d’une 4e conférence de génération de force. Et manifestement, il n’a pas eu l’effet escompté puisque cette dernière n’a rien donné de nouveau.

L’échec de cette mission européenne serait aussi celui de la France… D’où l’appel à la mobilisation lancé par MM. Le Drian et Fabius, respectivement ministres de la Défense et des Affaires étrangères, dans un communiqué conjoint diffusé ce 14 mars.

« A ce jour, en dépit des contributions annoncées par quelques États européens, force est de constater que le compte n’y est pas. Si un effort supplémentaire n’est pas réalisé très rapidement, il ne sera pas possible de lancer, comme prévu, cette opération indispensable la semaine prochaine », font-ils valoir. « L’Union européenne doit assumer ses responsabilités en matière de sécurité internationale. La France appelle vigoureusement ses partenaires à s’en donner les moyens », ont-ils ajouté. En tout , cela en deviendrait presque gênant…

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