Le général Dunford évoque le retour d’al-Qaïda en Afghanistan en cas de retrait total des forces de l’Otan

Le général Joseph Dunford, le commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée en Afghanistan sous l’autorité de l’Otan, a insisté, le 12 mars, lors d’une audition au Congrès, sur l’absolue nécessité qu’entre en vigueur au plus tôt l’accord bilatéral de sécurité conclu entre Washington et Kaboul mais que le président Karzaï refuse de signer pour le moment.

Cela étant, il n’y a pas péril en la demeure pour le moment. L’actuel chef de l’Etat afghan va bientôt laisser sa place, du moins après l’élection présidentielle d’avril prochain. Du moins, en théorie car des complications ne sont pas à exclure, comme l’a souligné le général Dunford. Quoi qu’il en soit, aussi bien les Etats-Unis que l’Otan, qui planifie de son côté la mission Resolute Support, destinée à prendre le relais de l’ISAF après décembre 2014, ont besoin d’être fixés rapidement sur les intentions de Kaboul.

L’enjeu est de pouvoir maintenir une force résiduelle de 8.000 à 12.000 hommes afin de pouvoir financer et soutenir encore l’armée nationale afghane (ANA) et de mener éventuellement des opérations de contre-terrorisme. Or, plus la signature de cet accord de sécurité tarde à venir, plus cette perspective s’éloigne, le président Obama ayant ainsi ordonné la planification du retrait total des forces américains d’Afghanistan en cas de blocage persistant.

Selon le général Dunford, il faudrait que cet accord soit signé avant septembre. Car si tel n’est pas le cas, alors le retrait des troupes américaines devra alors commencer sans plus attendre, étant donné l’ampleur de la tâche. Ce scénario est très probable, dans la mesure où il y a de grandes chances pour le prochain président afghan prenne ses fonctions en août. Et encore faudrait-il qu’il soit aussi disposé à signer l’accord en question.

Faute de quoi, a prévenu le général Dunford, les capacités des forces afghanes vont se détériorer « assez rapidement » à partir de 2015. « Les unités seront à court de carburant,(…), les pièces de rechange ne seront pas disponibles pour les véhicules et nous commencerons à vour une diminution de leur préparation », a-t-il dit. « Bien que les forces afghanes peuvent mener des opérations, leur logistique et leurs systèmes d’approvisionnement restent faibles », a-t-il précisé. Et sans maintien d’une présence militaire, « nous ne serions pas en mesure de terminer notre travail pour l’aviation afghane « car nous avons besoin d’encore deux ou trois ans de plus »

« Sans un noyau de troupes occidentales pour soutenir le gouvernement afghan et continuer à former les forces de sécurité, les chances sont élevées que des parties importantes du pays retombent sous le contrôle des talibans, comme elles l’avaient été avant les attaques du 11 septembre 2001 », a-t-il prévenu.

S’agissant d’al-Qaïda, le commandant de l’ISAF a expliqué que les opérations menées chaque jour « en coopération avec l’armée afghane » l’ont empêché, jusqu’à présent, de reconstituer ses réseaux en Afghanistan. Seulement, à l’approche du retrait, des militants de l’organisation fondée par Ben Laden réapparaissent dans l’est du pays, en particulier dans les provinces de Kunar et du Nuristan. En clair, le retour des taliban.

Aussi, en cas de retrait total, le général Dunford a prévenu qu' »al-Qaida et des organisations similaires pourraient voir une occasion d’établir de nouveau des bases en Afghanistan, ce qui seraient une menace pour les États-Unis et leurs intérêts nationaux ». Et d’ajouter : « Ce serait non seulement une reconstitution physique pour al-Qaida comme un mouvement, ce serait de leur permettre de devenir l’avant-garde du mouvement en revendiquant une victoire morale ».

Un sénateur démocrate, Joe Mancin, a demandé au général Dunford si les Etats-Unis devaient maintenir une présence militaire « à perpétuité » en Afghanistan, comme c’est le cas en Corée. Comme le chef de l’ISAF n’a pas répondu, l’élu a affirmé que « si nous n’avons pas pu faire le travail en 13 ans, nous ne pourrons jamais le terminer ».

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