Un syndicat de policiers « allume » les gendarmes

Le passage de la gendarmerie dans le giron du ministère de l’Intérieur, décidé par la précédente majorité, n’a pas mis un terme à la « guéguerre » entre policiers et gendarme. Et le syndicat « Synergie-Officiers » vient d’en apporter une nouvelle preuve.

Cette fois, le différend porte sur la réorganisation des services de police judicaire dans la zone Antilles/Guyane et en Corse. Le projet vise à créer deux structures communes à la police et à la gendarmerie à compter du 1er septembre prochain.

Pour l’île de Beauté, il est ainsi question d’installer à Ajaccio l’Unité de Lutte contre la Criminalité en Corse (ULCOC), laquelle serait commandée par un Directeur régional de la police judiciare (DRPJ), avec le commandant de gendarmerie de la Section de recherche pour second. Le schéma est inverse pour la zone Antilles-Guyane :  là, l’Unité de lutte contre la Criminalité Organisée et la Violence aux Antilles-Guyane (ULCOVAG), qui prendrait ses quartiers en Guadeloupe, serait commandée par officier général de la gendarmerie, secondé par le directeur interrégional de la police judiciaire (DIPJ).

Chacune de ses unités disposeraient de 4 pôle opérationnels (état-major et analyse stratégique, police technique et scientifique, GIR, observation et surveillance) ainsi que de 4 groupes d’enquêtes mixte (GEM), en charge de la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée.

Visiblement, la place faite aux gendarmes dans ces nouvelles structures est loin de plaire au syndicat Alliance-Officiers. Et il le dit avec des mots bien sentis.

« Synergie-officiers ne peut se satisfaire d’un projet présenté dans l’urgence absolue et sans concertation préalable avec les organisations syndicales. La réforme qui nous est proposée aujourd’hui, très loin de l’idée de fusion du Ministre, aboutit à un organigramme soviétique en tuyaux d’orgue », a fait valoir l’organisation syndicale dans un communiqué, avant de « constater une nouvelle fois que la Gendarmerie essaye de s’immiscer dans des domaines de compétences où elle n’a aucun savoir-faire et aucune légitimité » et de dénoncer sa « surreprésentation alors que son activité sur les territoires concernés oscille entre 25 et 30 % » (même en Guyane??).

Cela est quand même fort de café! Car si l’on comprend bien ce syndicat de policiers, les gendarmes ne seraient bons qu’à coller des contraventions et accessoirement faire du maintien de l’ordre et à effectuer quelques opérations extérieures… Or, la mission de police judicaire représente 40 % de l’activité quotidienne de la gendarmerie. Sur son site Internet, cette dernière précise :

« Exercée sous la direction et le contrôle des magistrats de l’ordre judiciaire, elle implique les unités territoriales (brigades et communautés de brigades), les unités spécialisées (432 sections et brigades de recherche), les 100 brigades départementales de renseignements et d’investigations judiciaires (BDRIJ), les trois offices centraux (lutte contre la délinquance itinérante -OCLDI-, lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique -OCLAESP- et lutte contre le travail illégal -OCLTI-) et les groupes d’intervention régionaux (GIR). S’y ajoutent, l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN) et le Service technique de recherches judiciaires et de documentation (STRJD) qui apportent, au niveau national, une expertise indispensable aux investigations judiciaires, en complément des capacités déjà disponibles aux échelons départementaux et territoriaux ». Si ce n’est pas du savoir faire, qu’est-ce que c’est?

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