L’Inde ne signera pas le contrat « Rafale » avant ses prochaines élections législatives

Il y a déjà deux ans, l’Inde sélectionnait l’avion de combat Rafale au détriment du Typhoon du consortium Eurofigher, à l’issue d’un appel d’offres portant sur l’acquisition de 126 appareils destinés à remplacer les MiG-21 à bout de souffre de ses forces aériennes (contrat MMRCA, Medium Multi-Role Combat Aircraft).

Restait alors à négocier le contrat de vente avec la partie française. Les discussions promettaient d’être compliquée, étant donné qu’il était question de transferts de technologies, 108 Rafale devant être assemblés non pas sur les lignes de Dassault Aviation en France mais sous licence en Inde, par Hindustan Aeronautics Ltd (HAL).

Pour New Delhi, la volonté affichée était de conclure les négociations au plus vite, c’est à dire avant les élections législatives de mai 2014. Même chose pour Dassault Aviation. Et cela d’autant plus que, pour ce dernier, la dernière Loi de programmation militaire votée en décembre par le Parlement prévoit la livraison de seulement 26 Rafale sur la période 2014-2019, alors qu’il en faut un minimum de 11 par an pour maintenir l’activité des lignes d’assemblage du constructeur français. En outre, un délai de 3 ans est nécessaire pour livrer le premier appareil conforme aux spécifications indiennes.

Il y a exactement un an, le président de Dassault Aviation, Eric Trappier, avait estimé que l’idéal aurait été de signer le contrat avant la fin de l’année 2013. A la même époque, et alors que son ministère était affecté par des réductions budgétaires, le ministre indien de la Défense, A.K Antony, avait affirmé que l’acquisition des 126 Rafale n’allait pas être concernée par les mesures d’économies.

Seulement, c’était faire preuve de beaucoup d’optimisme. D’une part parce que les procédures d’acquisition en Inde sont compliquées, le processus étant soumis à divers contrôles, lesquelles demandent du temps (la lenteur de l’administration indienne n’est pas une légende). Et, la mort subite du principal négociateur indien, l’automne dernier, n’a évidemment pas arrangé les choses

D’autre part parce que la situation économique du pays s’est dégradée, la roupie indienne ayant dévissé de plus de 20% par rapport au dollar au cours de ces derniers mois. Avec pour conséquence immédiate le renchérissement des matériels commandés à l’étranger (les contrats sont libellés en billets verts). S’agissant du programme MMRCA, son prix passerait ainsi de 11 à 14 milliards de dollars…

Aussi, ce qui était à craindre est arrivé. Ce 6 février, le ministre indien de la Défense a indiqué que New Delhi ne signera pas le contrat « Rafale » avant les prochaines élections en raison de « contraintes budgétaires ».

« En raison du manque de fonds, il ne faut pas attendre d’accord ou de décision finale lors de cet exercice budgétaire, qui s’achève fin mars », a-t-il affirmé, lors d’une conférence de presse. « J’espère que les choses pourront se matérialiser l’année prochaine, a-t-il ajouté, en référence au prochaine exercice budgétaire », a-t-il ajouté.

Mais là n’est sans doute pas la seule raison. Des difficultés dans les discussions entre HAL, l’Indian Air Force et Dassault Aviation peuvent expliquer en partie ce report. Il s’agit de régler les questions de licence et de transferts technologiques, la question étant de savoir si le constructeur aéronautique indien aura les reins assez solides pour produire 108 Rafale dans les prochaines années. Une réunion aurait dû avoir lieu entre les dirigeants des deux groupes mais elle a, semble-t-il, été reportée à la dernière minute.

Tout dépendra donc du prochain gouvernement indien, qui risque d’être d’une autre couleur politique que celui qui est en place actuellement, le Parti du Congrès étant en difficulté dans les sondages (lesquels ne font certes pas une élection… Mais tout de même).

Toutefois, l’Indian Air Force souhaite aboutir rapidement car des retards supplémentaires seraient de nature à affecter ses capacités opérationnelles. « Si le MMRCA ne nous est pas livré d’ici la fin du plan quinquennal 12 (ndlr, 2017), le niveau de nos forces descendra rapidement. C’est ce que nous devons éviter. Nous devons maintenir le niveau de nos forces pour fournir des capacités de dissuasion », avait estimé son chef d’état-major, en octobre 2013.

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