Le dialogue compétitif pour trouver un successeur à Louvois est lancé

Répétant ses propos tenus quelques jours plus tôt sur les ondes d’Europe1, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait annoncé, le 3 décembre, devant les personnels du 93e Régiment d’Artillerie de Montagne (RAM) l’abandon prochain du système Louvois (Logiciel unique à vocation interarmées de la solde), responsables de graves dysfonctionnements dans le paiement des salaires des militaires, plongeant ainsi ces derniers dans de grandes difficultés financières.

Cela étant, Louvois continuera à être utilisé tant que son successeur ne sera pas mis au point. Ce projet a donc été confié à la Direction générale de l’armement, qui aura à le gérer comme les grands programmes qu’elle a l’habitude de mener et à sélectionner le prestataires qui le réalisera à l’issue d’un « dialogue compétitif ».

La procédure concernant ce dernier a été lancée le 1er février, via le Bulletin officiel des annonces des marchés publics (BOAMP). Il s’agit d’attribuer un marché pour « la fourniture, l’installation, l’exploitation et la maintenance d’un système d’information destiné à assurer, dans un contexte règlementaire évolutif, la détermination, le calcul, les opérations permettant le paiement, l’historisation et le suivi des droits à solde et des accessoires servis par le ministère de la défense à ses agents militaires, ayants droit et ayants cause ainsi que le versement aux tiers des sommes associées, et leur comptabilisation ». Les entreprises intéressées ont jusqu’au 10 mars prochain pour postuler.

L’avis publié de fait pas mystère des difficultés qui attendent les éventuels candidats. Il y est en effet écrit que « le besoin couvert par le présent marché concerne la gestion de la solde d’environ 250 000- agents militaires, caractérisée par un régime indemnitaire dont les règles de gestion et d’attribution sont complexes (environ 200  primes) et par une répartition des centres de gestion des administrés en métropole et hors métropole, dont les bâtiments de la marine nationale. Le besoin couvre la production en sortie du système d’une centaine- de types de flux distincts (exemples : attestations, états) ».

Sans doute aurait-il pas mal vu de commencer par faire le ménage dans certaines primes, comme la Cour des comptes l’a récemment suggéré, afin de simplifier le système… Passons.

Comme il s’agit de ne pas se louper une nouvelle fois, seuls les éditeurs informatiques ayant une taille critique seront retenus. Ainsi, il est demandé aux candidats de justifier au moins 50 millions d’euros de chiffres d’affaires annuel sur les 3 précédentes années. Est-ce une garantie? Le groupe Steria, qui avait été choisi pour concevoir Louvois (sa responsabilité dans les dysfonctionnements n’a pas été établie, selon un rapport parlementaire) a réalisé un chiffre d’affaires de 412,3 millions d’euros au 3e trimestre 2013… Mais ce critère n’est évidemment pas le seul. Seront également examinées les « capacités techniques » dans plusieurs domaines.

Les candidats ayant déposé une « offre finale répondant aux exigences minimales fixées dans le règlement de la consultation » recevront une prime « 500.000 euros. Ceux qui seront sélectionnés auront 1 an pour mettre au point le nouveau logiciel, « financé par des ressources budgétaires propres à l’Etat ». Ce qui est quand même un délai très court eu égard à la complexité de la tâche. Le ministre avait expliqué qu’il fallait, pendant cette période, « concevoir, puis tester, vérifier, ajuster le prototype et, pour finir, faire le bon choix, celui d’un système qui répondra à nos attentes », l’objectif étant de pouvoir disposer du nouveau système en 2015.

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