L’année 2013 aura été un bon cru pour les industriels français de l’armement

Les exportations de l’industrie française de l’armement sont en dents de scie. En 2011, elles avaient augmenté sensiblement pour atteindre les 6,5 milliards d’euros (+27%) avant de chuter de 25% l’année suivante. Mais, selon les chiffres communiqués par le ministère de la Défense, qui seront toutefois consolidés d’ici quelques semaines, la tendance a été de nouveau à la hausse l’an passé, avec une progression de 31% des commandes.

En 2012, le délégué général à l’armement (DGA), Laurent Collet-Billon, avait expliqué la contre-performance des industriels français par l’agressivité de leurs homologues américains, contraints de trouver de nouveaux marchés pour préserver leur chiffre d’affaires alors menacé par les coupes budgétaires subies par le Pentagone, et la concurrence de pays ayant acquis un certain « niveau technologique » tout en restant compétitifs, comme Israël et la Corée du Sud. A noter également que, cette année-là, les exportations russes d’armements avaient atteint le montant record de 11,4 milliards d’euros.

Quoi qu’il en soit, 2013 aura donc été un bon cru pour l’industre française de l’armement, avec 6,3 milliards d’euros de prises de commande, alors que les arguments donnés par le DGA pour expliquer la contre-performance précédente sont bien évidemment toujours valables. Deux industriels en profitent notamment : Thales et le missilier MBDA, avec 1,5 milliard d’euros de contrat chacun.

La raison de cette hausse est liée à la signature de plusieurs contrats importants au Moyen-Orient, cette région représentant 40% des commandes. L’an passé, deux satellites d’observation de type Pléiades ont été retenus, aux dépens de Lockheed-Martin, par les Emirats arabes unis (les négociations ne sont toutefois pas terminées), ainsi que 17 radars GM200. L’Arabie Saoudite a confié le contrat Lex, concernant la modernisation de 4 frégates et de 2 pétroliers ravitailleurs Sawari à DCNS (ainsi qu’à d’autres industriels) pour plus d’un milliard d’euros.

La région du Moyen Orient, dont le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a fait une priorité, pourrait garder cette première place dans les années à venir. Le Rafale de Dassault Aviation est en effet toujours en lice aux Emirats arabes unis (lesquels ont éliminé l’Eurofighter Typhoon, l’un de ses principaux concurrents) et il intéresse le Koweit et le Qatar.

S’agissant de l’Arabie Saoudite, qui aura donc été le premier client de l’industrie française de l’armement, avec 1,8 milliard d’euros de commandes,  il y est question d’un achat de sous-marins mais aussi et surtout du contrat MK3, portant sur la livraison de systèmes de défense anti-aérienne, d’un montant de plusieurs milliards d’euros. Ce contrat, attendu par Thales, aurait pu être signé lors du dernier déplacement du président Hollande à Riyad. Mais il faudra encore attendre…

Derrière le Moyen Orient, l’Asie du Sud-Est a représenté 16% des prises de commande (2e place), notamment grâce aux contrats obtenus à Singapour (Aster 30). Viennent ensuite l’Afrique du Nord (11%) et l’Amérique du Sud (9%).

Cette hausse est également due au fait que les contrats majeurs, c’est à dire supérieurs à 200 millions d’euros, ont été plus nombreux en 2013 (8 contre 3 obtenus l’année précédente). Outre celles évoquées pour le Moyen Orient, l’on compte également des commandes portant sur des satellites de communications au Brésil (300 millions), ainsi qu’un « certain nombre » d’hélicoptères en Ouzbékistan.

Enfin, le nombre de contrats inférieurs à 200 millions d’euros a également progressé de 7%. Ces derniers ne sont pas sans importance dans la mesure où ils constituent la partie stable du marché français.

Pour 2014, outre d’éventuelles nouvelles commandes venues du Moyen Orient, les espoirs reposent sur la signature du contrat Rafale en Inde (126 appareils pour 8,8 milliards d’euros). Les négociations, entamées en janvier 2012, entre Dassault Aviation et les autorités indiennes, ne devraient pas tarder à se conclure.

Avec la baisse de commandes et l’étalement des livraisons des matériels destinés à l’armée française, l’exportation est enjeu crucial pour l’industrie française de défense,  en particulier pour le secteur de l’armement terrestre que pour le constructeur Dassault Aviation, qui n’aura à livrer que seulement 26 Rafale sur la période 2014-2019, alors qu’il doit en produire 11 par an pour maintenir ses lignes d’assemblage.

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