Une commission d’enquête de l’ONU va se pencher sur les violations des droits de l’homme en Centrafrique
Plongée dans le chaos depuis la chute du président Bozizé, provoquée par la coalition de la Séléka, la République centrafricaine vit au rythme des exactions commises par les désormais anciens rebelles, en majorité musulmans et les milices chrétiennes d’auto-défense « anti-balaka ». Cette situation a motivé le lancement de l’opération française Sangaris (1.600 hommes) et le déploiement d’une force panafricaine, la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique), les deux ayant été autorisés par la résolution 2127 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Seulement, cette intervention militaire, qui vise également à faire en sorte que le conflit centrafricain ne déstabilise pas les pays frontaliers, n’a malheureusement pas mis un terme à ce cycle de violences/représailles. La semaine passée, l’ambassadeur français auprès des Nations unies, Gérard Araud, avait admis que Paris avait « peut-être sous-estimé la haine et le ressentiment entre communautés » en Centrafrique.
En effet. Ainsi, le conseiller spécial pour la prévention du génocide, Amada Dieng, a affirmé, ce 22 janvier, lors de consultations du Conseil de sécurité dédiées à la RCA, être « choqué par l’intensité du niveau de haine entre communautés » chrétienne et musulmane, en appelant à renforcer les effectifs de la Misca, actuellement de 4.400 hommes, au lieu des 6.000 promis.
Selon la représentante spéciale des Nations unies sur les enfants et les conflits armés, la magistrate algérienne Leila Zerrougui, a indiqué que les violences inter-religieuses sont « continuelles et atteingent des niveaux de brutalité sans précédent ». En outre, elle a évalué à 6.000 le nombre d’enfants soldats enrôlés par les groupes armés qui s’affrontent.
Représentante spéciale sur les violences sexuelles dans les conflits, Zainab Hawa Bangura, a indiqué avoir recensé au moins 4.530 cas de violences sexuelles « perpétrés par des hommes armés soupçonnés d’appartenir à la Séléka » entre janvier et novembre 2013.
Aussi, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a décidé de mettre en place une commission qui sera chargée d’enquêter sur les violations des droits de l’homme commise en Centrafrique depuis le début de l’année 2013. Son objectif sera d’en identifier les responsables. Elle disposera d’un an pour cela et rendra ses conclusions en juin 2015.
Cette commission sera présidée par un ancien vice-procureur au Tribunal pénal international pour le Rwanda, à savoir le magistrat camerounais Bernard Acho Muna. Il sera assisté par l’ancien ministre mexicain des Affaires étrangères Jorge Castaneda et de Fatimata M’Baye, une avocate mauritanienne spécialisée dans les droits de l’homme et vice-présidente de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).
Par ailleurs, le Conseil de sécurité se penchera finalement, d’ici quelques jours, sur un nouveau projet de résolution visant à autoriser le déploiement en Centrafrique d’une mission militaire européenne, dont le principe a été validé le 20 janvier dernier. Cette dernière, qui en est encore au stade de la planification, va se concentrer sur la protection de l’aéroport de Bangui, ce qui permattra aux soldats français de l’opération Sangaris et aux troupes de la Misca de se redéployer sur les zones de tension.
Placé sous chapitre VII (recours à la force), ce texte, préparé par la France, va autoriser les mission militaire européenne à « prendre toutes les mesures nécessaires, dans les limites de leurs capacités et zones de déploiement » pour appuyer la Misca, selon le quotidien Le Monde qui a pu y avoir accès.
Enfin, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a une nouvelle fois répété, ce 23 janvier, sur i>TELE, qu’il n’était pas question pour la France de renforcer les effectifs de l’opération Sangaris. Rappelant les buts de cette dernière(sécurisation, permettre l’aide humanitaire et la transition politique), il a admis que la durée de cette mission était « une question de mois ».