Le Gripen devra passer l’épreuve d’un référendum en Suisse

L’automne dernier, le Parlement suisse a voté en faveur de l’acquisition de 22 avions de combat Gripen NG, du constructeur suédois Saab, pour 3,126 milliards de francs suisses. Le choix de cet appareil avait été annoncé en novembre 2011. Le Rafale de Dassault Aviation et le Typhoon du consortium Eurofighter, pourtant arrivés en tête des évaluations d’Armasuisse, avaient été ainsi écartés.

Même si des compensations économiques et industrielles ont été promises à des entreprises suisses par Saab, l’acquisition du Gripen est fortement contestée de l’autre côté du Lac Léman. Deux tendances se sont affirmées : l’une affirme que ce n’est pas l’avion qu’il faut pour les forces aériennes de la Confédération, l’autre estime que cet achat n’est nullement nécessaire et que l’argent investi devrait servir à financer d’autres dépenses.

Aussi, une campagne visant à récolter au moins 50.000 signatures en faveur d’un référendum a été lancée par deux comités différents, l’un de gauche rassemblant le PS, les Verts, le PCS et le Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA), l’autre, de droite, avec des arguments différents.

N’ayant récolté que 5.000 signatures, le comité de « droite » a récemment arrêté sa campagne, qu’il n’avait commencé que très tardivement. D’ailleurs, cela n’avait aucune importance puisque celui de gauche comptait déjà 80.000 signataires en faveur du référendum il y en encore quelques semaines.

Finalement, l’appel au référendum sur le Gripen aura été un succès : 100.000 paraphes ont été déposés officiellement à la Chancellerie fédérale, ce 14 janvier. C’est le double qui était requis pour l’organisation d’une consultation populaire. Cette dernière devrait avoir lieu le 18 mai prochain.

« Le peuple pourra décider s’il veut dépenser des milliards de francs pour un avion qui n’existe jusqu’ici que sur le papier ou si les deniers publics ne pourraient pas trouver un meilleur usage », a fait valoir  le comité « non aux milliards pour des avions de combat« .

Ce dernier a par ailleurs pointé la « nervosité » des pro-Gripen, lequels auraient accepté un financement de Saab dans le cadre de la campagne qui s’annonce. « Les dons d’une entreprise d’armement étrangère n’ont rien à faire dans une campagne de votation suisse », ont fait valoir les opposants à l’achat de l’avion suédois.

Une victoire du « non » à l’achat du Gripen NG ne voudrait pas forcément dire l’ouverture d’un nouvel appel d’offre dans la mesure où la question du référendum à venir portera non pas sur le choix de l’appareil mais sur son mode de financement, lequel passa par une ponction moyenne de 300 millions de francs suisses pendant 10 ans dans le budget militaire.

Le comité « non aux milliards pour des avions de combat  » a donné un aperçu de la campagne référendaire à venir en affirmant, dans son communiqué, que laf orce aérienne suisse « peut totalement accomplir sa mission, à savoir défendre l’espace aérien suisse, avec les avions F/A 18 récemment améliorés. L’achat de 22 Gripen est inutile à la politique de sécurité et irresponsable du point de vue de la politique financière. De plus, il y a quelques semaines, de nombreux cantons et communes ont dû mettre en place des plans d’austérité douloureux et supprimer un certain nombre de prestations ».

Estimant qu’un référendum allait être incontournable, Ueli Maurer, le ministre suisse de la Défense, très favorable au Gripen, et cela depuis toujours, avait déjà pris les dévants le 27 décembre dernier. Pour justifier l’achat de l’avion de Saab, il abait comparé la défense aérienne au toit d’une maison « qui se perce lentement ». « Si cela peut tenir par beau temps, cela ne fera plus l’affaire en cas de tempête », avait-il fait valoir.

« L’achat des Gripen doit aussi être apprécié dans un cadre géopolitique plus large », avait-il ajouté. « La Suisse ne sera pas épargnée par les différends concernant des territoires, de voies d’accès ou des ressources. Mais contrairement à auparavant, on ne sait plus d’où et comment attaque l’adversaire », avait-il également estimé.

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