Sangaris : Quelques signes encourageants à Bangui

Il est encore trop tôt pour savoir si la démission, sous pression des dirigeants de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC), du président de transition Michel Djotodia, désormais réfugié au Bénin, permettra d’améliorer la situation en Centrafrique dans le long-terme en mettant un terme aux affrontements entre les combattants de l’ex-rébellion de la Séléka, alors au pouvoir, et les miliciens chrétiens anti-balaka.

Pour le moment, l’intérim à la tête de l’Etat est assuré pendant 15 jours par Alexandre-Ferdinand Nguendet, le président du Conseil national de transition (CNT), un vieux routier de la politique locale et membre du Rassemblement démocratique centrafricain, rallié la Séléka.

Un nouveau président de transition sera désigné par les 135 conseillers du CNT lors d’une session extraordinaire de 10 jours qui commercera le 14 janvier. Ce processus sera supervisé par le chef d’Etat congolais, Denis Sassou Nguesso, c’est à dire le médiateur de la crise centrafricaine.

En attendant, le départ de Michel Djotodia semble produire quelques effets qui vont dans le bon sens. Chose que l’on pouvait penser improbable il y a encore quelques jours, des scènes de fraternisation ont eu lieu, le 12 janvier, dans le quartier Bimbo, à Bangui, entre des combattants de l’ex-Séléka et des miliciens anti-balaka. Et cela après des semaines d’affrontements.

Cela a été rendu possible grâce à l’obtention d’un accord entre les deux camps, sous la médiation de la Force française Sangaris, qui compte 1.600 hommes en Centrafrique. Selon Roger Kembo, un responsable politique centrafricain témoin de la scène et dont les propos ont été rapportés par Le Parisien, les belligérants « se sont donné des accolades. Ils ont demandé pardon sous les applaudissements du public ».

« Il y a eu des tractations toute la nuit. Tôt ce matin on s’est rencontré. On s’est dit que nous n’avions pas de raison de nous battre puisque Djotodia est parti. On attend les instructions des futures autorités », a expliqué le capitaine Souleimane Daouda, commandant des combattants de l’ex-Séléka dans le quartier Bimbo.

Le chef d’état-major des forces centrafricaines (FACA), le général Ferdinand Bomboyeke, a quant à lui appelé une nouvelle fois les anciens soldats de l’armée régulière ayant rejoint miliciens anti-balaka à regagner leurs casernes « d’ici lundi ». Un appel qui, cette fois, semble avoir été entendu.

Ainsi, ce 13 janvier, des centaines de soldats centrafricains ont rejoint leur commandement à Bangui, après s’être faits enregistrer à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam) où l’état-major a installé un bureau. « Ils sont venus très nombreux et ça continue d’arriver. Ils ont répondu à l’appel du général. C’est un soulagement, c’est un très bon signe », a commenté le colonel Désiré Bakossa, qui supervise cette opération.

Ces soldats et policiers avaient fait défection au cours des derniers mois par crainte d’être victimes d’exactions de la part des combattant de l’ex-Séléka, qui constituaient alors l’essentiel des forces fidèles à l’ancien président transition.

Dans un discours prononcé ce jour à l’état-major de la gendarmerie centrafricaine, Alexandre-Ferdinand Nguendet a tenu des propos musclé, en assurant que « l’anarchie était terminée à Bangui ».

« Aux ex-Séléka, aux anti-balaka et aux amoureux du pillage, je vous lance une mise en garde sévère, c’est terminé la récréation », a-t-il ainsi affirmé. « Le choas est terminé, les pillages c’est terminé, les exactions c’est terminé », a-t-il insisté. Le président par intérim a également assuré que la police et la gendarmerie, aux abonnés absents depuis des semaines, seront « redéployées d’ici 72 heures et impliquées dans le processus de désarmement » actuellement en cours dans la capitale centrafricaine.

« Aujourd’hui c’est une honte pour la Nation de voir la sécurité du peuple centrafricain confiée à des organisations régionales et internationale », a lancé M. Nguendet, en faisant référence à l’opération française Sangaris et à la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA), déployée dans le pays sous l’égide de l’Union africaine.

Reste que la vigilance doit toujours être de mise. Pendant que combattants de l’ex-Séléka et milicens anti-balaka fraternisaient dans le quartier Bimbo, des pillages – isolés – ont eu lieu, obligeant un détachement congolais de la MISCA à intervenir énergiquement dans au moins un cas. Par ailleurs, les militaires français de l’opération Sangaris continuent leurs patrouilles dans les rues à Bangui, y compris dans des zones où aucune force ne s’était jusqu’à présent montrée.

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