Sangaris : Le président centrafricain a démissionné tandis que des blindés français ont été déployés à Bangui

Quelques jours après le lancement de l’opération française Sangaris, le président Hollande avait invité son homologue centrafricain, Michel Djotodia, à quitter le pouvoir qu’il avait conquis grâce à la rébellion de la Séléka.

Or, depuis que ce dernier est en fonction, la situation sécuritaire et humanitaire n’a fait qu’empirer en Centrafrique. Les exactions commises par les combattants de la désormais ex-Séléka, à dominante musulmane, ont amorcé un cycle de violences avec l’apparition de milices chrétiennes anti-balaka, qui, formées dans un premier temps en comités d’auto-défense, ont mené à leur tour des actions de représailles meurtrières. Et probablement que, dans cette affaire, des partisans de l’ancien président Bozizé, renversé en mars 2013, ne sont pas étrangers aux affrontements qu’a connus Bangui lors de ces dernière semaines.

En clair, le président – de transition – Djotodia n’a pas été en mesure de ramener l’ordre dans son pays au point qu’il est devenu un Etat failli (ou il n’est pas loin de l’être). D’où l’appel que lui a lancé François Hollande à quitter ses fonctions. « Je ne veux pas individualiser la responsabilité (de la crise centrafricaine, ndlr) mais on ne peut pas laisser en place un président qui n’a rien pu faire, voire même a laissé faire », avait-il estimé lors d’un entretien accordé le 7 décembre à France 24.

Accusé d’avoir fait preuve de passivité face aux violences interreligieuses qui ont notamment secoué Bangui, Michel Djotodia a été poussé vers la sortie lors d’un sommet de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC), qui se tient depuis le 9 janvier à N’Djamena, à l’initiative du président tchadien, Idriss Déby-Itno, lequel n’est pas non plus étranger à la situation centrafricaine, dans la mesure où il a montré une certaine bienveillance à l’endroit de la coalition Séléka.

Ainsi, mis sous pression (les 135 membres du Conseil national de transition, le Parlement provisoire centrafricain, ayant été transportés par avion à N’Djamena pour préparer sa mise à l’écart), M. Djotodia n’a pu que démissioner, de même que son Premier ministre, Nicolas Tiangaye, avec lequel il entretenait des relations orageuses. De leur côté, les dirigeants de la CEEAC ont « pris acte de la démission » des deux responsables centrafricains et « se félicitent de cette décision hautement patriotique pour une sortie du pays de la paralysie ».

En ouvrant le sommet de la CEEAC, le président tchadien avait commenté la situation en Centrafrique. « Un seul constat doit être fait et il est amer : la RCA (République centrafricaine, ndlr) subit au plus profond d’elle-même les agissements de ses propres fils, plongeant leur pays dans une guerre qui compromet dangereusement son avenir », avait-il affirmé.

Plus tard, Idriss Déby-Itno avait pointé « l’échec » de la « classe politique (centrafricaine) dans son ensemble ». Et d’ajouter : « La transition n’a pas fonctionné comme on le veut. Les autorités qui ont la charge de mener cette transition n’ont pas pu répondre aux attentes des Centrafricains et de la communauté internationale, dont les plus importantes sont l’ordre et la sécurité ».

Suite à l’annonce de la démission de Michel Djotodia, la crainte est de voir Bangui à nouveau être le théâtre de violences. Selon l’AFP, 4 blindés légers de type ERC-90 Sagaie de la Force Sangaris ont pris position près du palais présidentiel, proche du camp De Roux, où est cantonnée la garde du désormais ex-président de transition. Dans le même temps, des patrouilles françaises et africaines (fournies par la MISCA) sillonnent les rues de la capitale centrafricaine.

De son côté, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a commenté la démission de Michel Djotodia en disant souhaiter le remplacement de ce dernier « dans les plus brefs délais » et en rappelant l’objectif de la « tenue d’élections avant la fin de l’année ».

« Il faut que le Conseil national de transition, dont c’est la responsabilité, établisse l’alternative provisoire parce que le but, c’est d’aller avant la fin de l’année à des élections », a-t-il affirmé en marge d’un déplacement à Mérignac, en ajoutant que le « principal enjeu » restait « le désarmement ». Reste à voir qui sera désigné pour assurer l’intérim… On sait toujours ce que l’on perd, plus rarement ce que l’on gagne.

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