Le ministère chinois de la Défense dément des informations sur un commandement central intégré

Qu’il est compliqué de déchiffrer la politique de défense chinoise! La semaine passée, le quotidien China Daily, publié en langue anglaise, a fait état d’une réforme prochaine de l’armée populaire de libération visant à réduire de 7 à 5 les régions militaires et à créer une structure opérationnelle interarmées afin de coordonner plus efficacement ses différentes branches (forces terrestres, aériennes, navales et stratégiques).

« La mise en place du système est une condition essentielle à l’ère de l’information, et l’armée a lancé des programmes pilotes qui ont été positifs à cet égard », a même commenté le ministère chinois de la Défense nationale dans les colonnes du quotidien.

Bien évidemment, toute annonce en matière de politique militaire chinoise est scrutée avec attention, dans la mesure où Pékin entretient plusieurs différends territoriaux avec ses voisins (îles Spratleys, Paracels, Senkaku/Diaoyu, etc…). Aussi, la mise en place d’un nouveau système de commandement intégré n’est pas anodine, étant donné que cela serait de nature à renforcer les capacités d’intervention de l’APL au-delà de ses frontières.

Une idée que les commentaires rapportés par China Daily confortent. « La Chine a construit un bastion de fer dans ses régions frontalières. La principale préoccupation est en mer », a ainsi estimé Li Qinggong, vice-secrétaire général du Conseil chinois pour les études sur la politique de sécurité nationale.

« La réforme structurelle de l’armée, qui a été soulignée par un plan de réforme historique ayant été adopté en novembre par la troisième session plénière du XVIIIe Comité central du Parti communiste chinois, est en train de s’accélérer, alors que le pays accroît la quantité de technologies sophistiquées, mais affronte également des défis de sécurité différents », a encore expliqué China Daily.

Ayant repris cette information du quotidien anglophone chinois, le « Centre d’Informations sur Internet de Chine », tout aussi officiel, a estimé que ce « plan de réforme vise à améliorer les systèmes de commandement combiné de combat, faire progresser la réforme de la formation et de la logistique pour les opérations conjointes de combat ».

Pour Ouyang Wei, professeur à l’Université de la Défense nationale de l’APL, ce système de commandement conjoint des opérations permettra aux forces chinoises de « répondre rapidement  à une situation d’urgence. (…) Populaire en Occident depuis des décennies, il ne vise pas à commencer une guerre, mais à la tuer dans l’œuf », a-t-il fait valoir.

A priori, tout laissait donc  à penser qu’effectivement, l’APL allait bien se doter – prochainement – d’un système de commandement opérationnel conjoint. D’autant plus que le porte-parole du ministère chinois de la Défense, Yang Yujun, avait indiqué, en novembre dernier, qu’une telle évolution était « nécessaire ».

Seulement, quelques jours plus tard, le même ministère de la Défense a fait machine arrière. Pourquoi ne pas l’avoir fait immédiatement? Mystère… Dans un communiqué diffusé le 7 janvier dernier, il a réfuté les annonces faites par le China Daily en parlant « d’informations infondées ». « S’agissant de la décision du Comité central du PCC, nous allons approfondir la réforme sur la base d’une étude de faisabilité en temps utile afin de trouver une voie pour établir un  système opérationnel conjoint de commandement avec des caractéristiques chinoises », a-t-il précisé.

Donc, si l’on comprend bien, les informations sur un commandement opérationnel conjoint ne seraient pas fondées mais l’état-major chinois étudie quand même les moyens d’en mettre un en place… Faudrait-il plutôt comprendre que la presse nationale a pris de vitesse le ministère de la Défense sur ce sujet?

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