Un avion Tornado a volé avec des pièces fabriquées par une imprimante 3D

La technologie de l’impression 3D s’annonce prometteuse au point qu’elle pourrait être à l’origine d’une nouvelle révolution industrielle. En tout cas, certains y croient. En attendant, elle ouvre un champ d’applications très intéressantes pour les opérations militaires, ne serait-ce que pour des questions logistiques.

Pour rappel, les imprimantes 3D sont en mesure de fabriquer une pièce complexe par juxtaposition de couches successives d’un matériau donné grâce à des plans conçus par CAO (Conception assistée par ordinateur). Jusqu’à présent, on enlève généralement de la matière pour fabriquer un composant (usinage).

Pour le moment, les matériaux pouvant être utilisés par ces imprimantes 3D ne sont pas légion. Par exemple, il reste encore des progrès à faire avec certains métaux, même si quelques industriels prétendent avoir atteint un certain degré de maturité technique avec le titane, le nickel et voire même l’acier.

Technologie prometteuse donc… Dans un communiqué diffusé le 5 janvier, le groupe britannique d’aéronautique et de défense BAE Systems a ainsi annoncé avoir fait voler un chasseur bombardier Tornado GR4 avec des composants obtenus par impression 3D. Ce vol d’essai a eu lieu « avec succès » en décembre dernier, sur la base de Warton, dans le nord-ouest de l’Angleterre.

Les pièces en question ont été fabriquées sur une base de la Royal Air Force. Il s’agit d’un couvercle de protection pour la radio du cockpit ainsi que de composants du système d’arrivée d’air et du train d’atterrissage. Leur conception aurait coûté moins de 100 livres (120 euros), ce qui, selon BAE Systems, permettrait d’économiser annuellement des centaines de milliers de livres.

« Vous n’êtes désormais plus bloqués dans un endroit pour fabriquer ces objets », a commenté Mike Murray, ingénieur à BAE Systems. « S’il est possible d’apporter des machines jusque sur la ligne de front, cela améliore aussi notre potentiel là où d’habitude nous n’aurions pas eu de capacité de production », a-t-il ajouté.

Cette technologie permettrait également de fabriquer des pièces de rechange qui ne sont plus commercialisées, ce qui éviterait de « cannibaliser » des appareils pour en faire fonctionner d’autres, sachant que dans certaines forces armées, des matériels affichent plusieurs décennies de service.

Cela étant, le recours à l’impression 3D peut susciter quelques réserves. En mai dernier, le cabinet Price Waterhouse Cooper en a exprimé au moins trois, dont une; et ce n’est pas la moindre, portant sur l’intégrité structurelle des pièces obtenues, avec la présence de micro-cavités susceptibles de limiter l’empoi des composants obtenus à des applications sans contraites physiques excessives. Cependant, des industriels prétendent, là aussi, être parvenus à fabriquer des pièces d’une qualité proche de celles usinées via cette technologie.

L’annonce de BAE Systems n’est pas une innovation majeure en soi. L’an passé, CFM (Snecma – General Electric) avait annoncé que son moteur Leap comptait des injecteurs de carburant fabriqués par impression 3D. En juin dernier, un Airbus A350 a volé avec des composants obtenus de la même manière. Et l’Agence spatiale européenne (ESA) a lancé son programme Amaze visant à généraliser l’usage d’imprimantes 3D dans le secteur de l’aéronautique et de l’espace. La Nasa n’est pas en reste, avec son annonce, faite en août dernier, de la fabrication de l’injecteur d’un moteur de fusée avec cette technologie.

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