Le choix brésilien en faveur du Gripen est aussi un coup dur pour l’activité militaire de Boeing
Alors que Dassault Aviation semblait avoir les cartes en main en septembre 2009, avec la préférence pour le Rafale clairement exprimée par le président Lula, le Brésil a finalement décidé de porter son choix sur le Gripen du constructeur Saab afin de moderniser ses forces aériennes.
Certains médias n’ont pas manqué de souligner qu’il s’agissait d’un nouveau coup dur pour Dassault Aviation, alors même que l’on se doutait qu’avec l’élection de Dilma Rousseff à la tête du Brésil, les choses allaient être nettement plus compliquées pour le Rafale. De fait, le marché brésilien paraissait moins prioritaire pour le constructeur français, qui mise surtout sur l’Inde, des pays du Moyen Orient, voire le Canada.
Si la victoire du Gripen au Brésil est un revers – annoncé – pour Dassault Aviation, alors que dire pour Boeing, qui se voyait bien l’emporter avec son F/A-18 Super Hornet! Il a été dit que les révélations d’Edward Snowden sur les pratiques de la NSA en matière d’espionnage ont contribué à plomber la candidature de l’avion de combat américain. Sans doute… Encore que, le choix brésilien est dicté avant tout par les contraintes budgétaires. Le moins disant l’a emporté. C’est probablement aussi simple que cela.
Quoi qu’il en soit, la victoire de Saab met la branche militaire de Boeing en difficulté dans la mesure où l’appel d’offres brésiliens constituait probablement la meilleure chance du F/A-18 Super Hornet à l’exportation.
D’ailleurs, et outre les transferts technologiques, le construteur américain n’avait pas lésiné pour tenter de convaince Brasilia, en annonçant, en juin dernier, qu’il prendrait en charge la commercialisation de l’avion de transport KC-390 d’Embraer sur trois marchés stratégiques. Et le choix du Pentagone en faveur du Super Tucano, aux dépens de l’AT-6 de Beechcraft, pour équiper la force aérienne afghane, avait été vu comme un coup de pouce par certains observateurs.
En quelques semaines, Boeing aura ainsi subi deux échecs. Outre le Brésil, la Corée du Sud a récemment annulé un appel d’offres où lequel le F-15 Silent Eagle était donné gagnant. Finalement, Séoul optera pour le F-35 de Lockheed-Martin…
Cela étant, les appareils de combat et l’avion de transport le C-17 constituent 40% du chiffre d’affaires de la branche militaire de Boeing, le reste étant notamment dû aux hélicoptères (Apache) et au P-8 Poseidon.
Aussi, à court terme, la situation risque de devenir problématique. La production du C-17 s’arrêtera en 2015. Et, faute de nouveaux contrats, l’assemblage des F/A-18 et EA-18G (la version dérivée pour la guerre électronique), pourrait prendre fin en 2016, soit le temps pour assembler 118 appareils de ce type (dont 45 EA-18G) pour les besoins de l’US Navy. Quant au F-15 SE, il devrait continuer à être produit jusqu’en 2018, grâce aux 84 exemplaires commandés par l’Arabie Saoudite. Après, c’est le grand flou…
Pour maintenir la ligne d’assemblage du F/A-18, Boeing a réduit la cadence de production de 4 à 3 appareils par mois. Le responsable du programme, Mike Gibbons, a confié à l’agence Reuters qu’il faudrait « des commandes pour 60 avions supplémentaires pour l’US Navy », afin de garantir la production jusqu’en 2020. D’ici là, le constructeur espère qu’il aura décroché des contrats au Moyen Orient, au Canada et au Danemark. Sauf que rien n’est moins sûr, étant donné que ces marchés vont être âprement disputés et que la concurrence sera relevée.
En attendant, c’est aux Etats-Unis que Boeing cherche à placer ses F/A-18. S’il peut compter sur le soutien de parlementaires au Capitole, il n’est pas certain , en ces temps d’austérité budgétaire, d’avoir gain de cause. Pour le Pentagone, l’affaire est pliée : la priorité va au F-35.