Les Emirats arabes unis écartent l’Eurofighter Typhoon

Après été sélectionné en Arabie Saoudite et à Oman, le consortium Eurofighter pouvait espérer faire un grand chelem auprès des monarchies pétrolières du golfe arabo-persique. Son avion de combat, le Typhoon, est en effet bien placé à Bhareïn pour l’emporter et il est en lice au Qatar et au Koweit. En janvier 2012, le ministre français de la Défense d’alors, Gérard Longuet, avait expliqué que ces deux derniers pays attendaient le choix des Emirats arabes unis pour se prononcer sur le futur appareil qui équipera leurs forces aériennes.

Depuis 2008, Dubaï cherche à remplacer ses Mirage 2000-9 et, par conséquent, à acquérir 60 nouveaux avions de combat. Dans un premier temps, le Rafale de Dassault Aviation semblait très bien placé pour remporter la mise. Seulement, le dossier a été parasité par quelques impairs, ce qui a compliqué des discussions déjà difficiles. Et quand il s’agit de négocier, les émiratis sont particulièrement habile.

Ainsi, en novembre 2011, estimant que le constructeur français ne faisait pas assez d’efforts sur ses prix, les Emirats ont demandé des informations sur le F-18 Super Hornet de Boeing et le Typhoon. « Malheureusement, il semble que Dassault ne réalise pas que la volonté politique et tous les efforts diplomatiques ne peuvent pas faire passer des conditions commerciales non compétitives et irréalisables », avait lancé le prince héritier cheikh Mohamed ben Zayed.

Chargé des négociations au Moyen Orient, BAE Systems n’a pas ménagé ses efforts pour imposer le Typhoon. De même que les autorités britanniques. Au point même de se croire déjà arrivés! Selon la presse d’outre-Manche, l’accord de vente était en très bonne voie après le déplacement du Premier ministre David Cameron aux Emirats. Le Financial Times s’en était même réjouit.

Seulement, comme le dit l’adage, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué… Dans un communiqué daté du 19 décembre, BAE Systems a fait savoir que le Typhoon est désormais écarté de la compétition aux Emirats.

« BAE et le gouvernement britannique ont été en discussion avec le gouvernement des EAU au sujet d’une gamme de capacités de défense et de sécurité et d’une offre potentielle d’avions Typhoon. Les Émirats arabes unis ont indiqué qu’ils ont choisi de ne pas procéder à ces acquisitions pour le moment », a expliqué le groupe britannique.

Une source émiratie aurait confié à Defense News que cette décision s’expliquerait par l’accord préliminaire sur le nucléaire iranien ainsi que par la détente relative des relations entre Abu Dhabi et l’Iran au sujet de territoires disputés. Ce qui semble quand même un peu léger dans la mesure où rien n’est définitif dans ces deux dossiers.

Cela laisse le champ libre au Rafale et aux appareils américains. D’ailleurs, en avril dernier, le Pentagone a annoncé la vente de 26 F-16 supplémentaires aux Emirats, qui en disposaient déjà de 80 exemplaires. D’où l’hypothèse que Lockheed-Martin chercherait à imposer son F-35 Lightning II.

Par ailleurs, BAE a également fait état de quelques difficultés concernant le contrat al-Salaam, conclu en 2007 et portant sur la livraison de 72 Typhoon à l’Arabie Saoudite pour 4,43 milliards de livres. Il reste encore 48 appareils à livrer (28 l’ont déjà été et 6 autres le seront très prochainement) et la négociation avec Riyad portant sur une augmentation de leur prix tarde à aboutir.

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