Le programme américain de frappe conventionnelle rapide critiqué par la Russie

Advanced Hypersonic Weapon (AHW), Falcon HTV-2, X-51 Waverider… Tous ces projets américains, qui ont déjà fait l’objet de tests, entrent dans le cadre du programme Conventional Prompt Global Strike (CPGS, frappe conventionnelle globale rapide), lancé en 2001 par l’administration Bush et non remis en cause par celle de Barack Obama.

Pour l’US Air Force, il s’agit d’être « en mesure de frapper rapidement et de façon globale des cibles de haute valeur » et de « pouvoir planifier et exécuter des frappes dans des délais de quelques minutes », y compris quand « aucun moyen militaire n’est présent dans la région concernée ». En clair, il est question de pouvoir effectuyer une frappe conventionnelle n’importe où et en quelques minutes, ce qui passe donc par la mise au point de vecteurs hypersoniques.

Seulement, une telle capacité, qui viendrait s’ajouter à la défense antimissile de l’Otan et basée essentiellement sur des moyens américains, inquiète les responsables russes, qui l’ont fait récemment savoir alors qu’ils ne s’étaient que timidement exprimé sur ce sujet jusqu’à présent.

En effet, la Russie ne dispose pas, à l’heure actuelle, des capacités nécessaires pour contrer une frappe conventionnelle rapide. Sa défense aérienne repose essentiellement sur le système S-300 et son successeur, le S-400, capable théoriquement d’intercepter des missiles balistiques de 3.500 km de portée, n’équipe apparemment qu’un nombre très limité d’unités. Quant au S-500, annoncé comme pouvant détruire des engins hypersoniques, il est encore en cours de développement. Son entrée en service a été annoncée en 2017. A voir…

La semaine passée, dans un entretien accordé au quotidien Kommersant, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a expliqué que la mise au point de vecteurs hypersoniques comme le font les Etats-Unis pouvait avoir un « effet direct sur l’équilibre stratégique et la stabilité ».

« Il nous reste encore à établir quel impact sur notre sécurité pourrait avoir l’apparition de tels systèmes », a-t-il avancé en expliquant que la Russie « considère que toutes les discussions sur le contrôle des armements doivent prendre en compte le potentiel créé par les Etats-Unis dans le cadre du Prompt Global Strike ».

« Oui, si l’on évoque les vecteurs balistiques munis de charges conventionnelles, il s’agit sans équivoque d’une voie menant vers l’escalade du conflit avec des conséquences très lourdes, voire apocalyptiques. Si l’on parle des nouveaux vecteurs – hypersoniques planants, hypersoniques à propulsion et autres, [pour pouvoir en juger] il faut d’abord connaître leur caractéristiques techniques et leur application », a expliqué M.Riabkov.

Le 11 décembre dernier, Dmitri Rogozine, le vice-Premier ministre russe, a été très clair en s’adressant aux députés de la Douma. En cas d’une attaque menée par une arme hypersonique, la Russie n’hésitera pas à avoir recours à l’arme nucléaire.

« On peut expérimenter à l’infini, en installant des armes conventionnelles sur des vecteurs stratégiques, mais on ne doit pas oublier un seul instant qu’en cas d’agression, nous n’hésiterons évidemment pas, dans certaines situations, à nous protéger avec l’arme nucléaire », a-t-il déclaré. « Nous n’avons jamais sous-estimé le rôle de l’arme nucléaire (…) qui égalise les chances », a-t-il insisté.

Pour aller plus loin : « Frappes stratégiques rapides« , par Bruno gruselle Maître de recherche, Fondation pour la Recherche Stratégique et « Conventional Prompt Global Strike and Russia’s Nuclear Forces« , par James M. Acton, Carnegie Endowment for International Peace

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