Les groupements tactiques de l’UE au menu du prochain Conseil européen

Jusqu’à présent, et bien que le Mali aurait pu être une opportunité, jamais un groupement tactique de l’Union européenne (GTUE) n’a été déployé dans le cadre d’une mission extérieure depuis 2007. Ce sujet devrait être largement abordé lors du Conseil européen des 19 et 20 décembre prochains. Alors qu’il était initialement dédié aux affaires de défense, il y sera aussi question, désormais, de l’Union bancaire…

En tout cas, le ministre lituanien de la Défense, Juozas Olekas, dont le pays assume la présidence du Conseil de l’UE, a dit en attendre un « message politique pour revoir le niveau actuel des ambitions et l’engagement pour utiliser les groupements tactiques » européens.

De cette question, la présidence lituanienne en a fait une priorité, d’autant plus que se prépare une nouvelle intervention militaire française, en soutien à la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA).

Pourquoi? Tout simplement parce que certains y voient une nouvelle opportunité pour utiliser les GTUE. C’est notamment le cas de la présidente de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Elisabeth Guigou. « Il serait souhaitable que l’Union participe aux actions de stabilisation de la République centrafricaine », a-t-elle ainsi écrit dans un rapport évoqué par l’agence Reuters et rendu public le 29 novembre.

Plus précisement, ce document plaide pour un recours accru aux « groupements tactiques européens », notamment dans les phases de démarrage des opérations de maintien de la paix. Seulement, cette conception n’est pas celles d’autres Etats membres, comme l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie, qui, au contraire, souhaitent revoir à la baisse (si, c’est encore possible…) les ambitions des GTUE, en les cantonnant dans des missions de basse intensité et non de combat. Aussi, le rapport dénonce cette position en évoquant « un manque de volonté politique des Etats membres ».

Forces de projection rapide, les GTUE comptent environ 1.500 hommes fournis à tour de rôle par les pays membres. Ils sont placés en alerte deux par deux, pour une période de 6 mois. Lors du déclenchement de l’opération Serval au Mali, le groupement qui aurait pu être sollicité était constitué par des unités françaises, allemandes et polonaises.

Plusieurs raisons peuvent expliquer pourquoi les GTUE n’ont jamais été engagés. En premier lieu, les Etats membres peinent à s’entendre sur l’opportunité de les engager quand une occasion se présente. Et quand une formation de ce type est composée d’unités venant de différents pays aux objectifs ou aux contraintes opposés, ça provoque immanquablement du tirage. Ensuite, il faudrait, et ça commence surtout par là, des règles d’engagement communes, histoire de simplifier un peu les choses…

Outre les GTUE, le rapport parlementaire s’attarde également sur une possible mutualisation des dépenses générées par les opérations extérieures « qui contribuent à la défense européenne ». Par sûr qu’une telle idée puisse aboutir… A ce sujet, lors de l’examen du projet de Loi programmation militaire, le député Nicolas Dhuicq a évoqué uun « clivage terrible entre les nations qui paieront le prix du sang, comme la France, et les pays qui s’exonèreront par quelques deniers de leurs responsabilités »…

Par ailleurs, le document souhaite que soit adoptée une « feuille de route » visant à élaborer une nouvelle stratégie européenne de sécurité, la dernier document de référence à ce sujet étant quelque peu daté (2003), même s’il a été revu en 2008, et à inviter à une relance des programmes de coopération en matière d’armement, qui sont aujourd’hui moins nombreux qu’il y a 10 ans.

Enfin, le rapport pointe le risque, pour l’UE, d’une « rupture capacitaire », doublée d’un déclassement stratégique qui en serait la conséquence, notamment à cause des restrictions budgétaires en matière de défense chez les Etats membres.

« Les dépenses militaires cumulées de la France, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de l’Italie ne représentent plus que 13% des dépenses mondiales contre près de 20% en 2000 », souligne ainsi le document, qui estime que l’industrie européenne de défense est en danger.

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