Suppression des FAS, service militaire falcutatif, recours aux ESSD… les propositions « chocs » de l’UDI

Pendant que le projet de Loi de Programmation Militaire (LPM) est examiné à l’Assemblée nationale, l’UDI, parti centriste, a rendu public 18 contre-propositions en matière de politique de défense, regroupées en trois « blocs » (Europe de la Défense, Evolution des forces armées, Lien armées-nation et « mémoires de nation »).

Etant donné le tropisme européen de l’UDI, il n’est guère étonnant qu’un chapitre entier ait été dédié à l’évolution de la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC). La première proposition vise à créer un « Semestre » de l’UE consacré à la défense européenne qui permettrait, in fine, à jeter les bases d’un « concept stratégique de l’UE » (un livre blanc en somme).

Il y est question de mettre en place un budget spécifique pour financer les opérations extérieures de l’UE ainsi que la mutualisation de forces à l’échelle européenne dans les domaines du transport stratégique, du ravitaillement en vol ou encore des drones.

Toujours dans le même chapitre, l’UDI propose la création, au Mont Valérien, d’un quartier général européen. Cette idée est dans les cartons depuis un bon moment sans pour autant avoir pu être traduite dans les faits, étant donné que le Royaume-Uni s’y est toujours opposé. La mutualisation des moyens au niveau de l’UE est bien évidemment avancée, de même que le renforcement de la base industrielle et technologique de défense européenne (BITD-E), via la mise en place d’un marché intérieur de l’armement.

Autre proposition dans ce domaine : la création d’une « Ecole de guerre européenne », qui serait implantée à Strasbourg. »lieu à haute valeur symbolique pour la démocratie et la paix en Europe ».

Concernant l’évolution des forces armées, l’UDI fait 8 propositions qui ne sont pas toutes pertinentes. Comme exemple celle portant sur la suppression des Forces aériennes stratégiques (FAS), composante aéroportée de la force de frappe française. Ces dernières ne représentent que 7% des 3 milliards et quelques dépensés annuellement par le ministère de la Défense au titre de la dissuasion nucléaire.

En outre, le projet centriste oublie que les 2 escadrons de chasse des FAS prennent part, de manière significative parfois, à des missions conventionnelles. Cela été le cas en Libye et au Mali. En outre, les avions ravitailleurs C-135, appelés à être remplacés (très progressivement) par l’A330 MRTT, sont financés par les crédits alloués à la composante aéroportée de la dissuasion. Et eux aussi sont indispensables aux opérations conventionnelles. In fine, les seules économies que l’on peut attendre d’une telle mesure porterait sur les coûts de modernisation à mi-vie de l’ASMP-A et de développement de son successeur. Pas de quoi, donc, sauter au plafond.

Pour le reste, le projet de l’UDI met l’accent sur la nécessaire préservation des forces de souveraineté, ce qui passe notamment par un effort en faveur de la Marine nationale (avec le programme BATSIMAR). Pour l’armée de Terre, le parti centriste souhaite que davantage soit fait pour les équipements légers de cohérence opérationnelle (PPT, VBL, optronique) dans le cadre du programme Scorpion et vendre notamment une partie (une cinquantaine) des 250 chars Leclerc.

Concernant l’armée de l’Air, le projet de l’UDI propose de transformer la BA 126 de Solenzara (Corse) en « base avancée permanente pour la Méditerranée occidentale comme orientale et l’Afrique, où se situent les potentielles zones de conflits et la mettre à disposition de l’UE et de l’OTAN en lui donnant les moyens d’interopérabilité accrue ».

Mais la proposition qui pourrait faire couler de l’encre est celle consistant à autoriser la création d’Entreprises de services de sécurité et de défense (ESSD), l’euphémisme pour désigner les sociétés militaires privées (SMP).

Etant donné le savoir-faire français dans le domaine de la défense, il « conviendrait d’en tirer profit, dans le contexte du recours croissant aux ESSD, par nos partenaires, tant au niveau des opérations miliaires sous l’égide de l’Otan, de l’ONU que celles des opérations civilo-militaires de l’UE ». En outre, ces ESSD pourrait profiter de « la politique d’externalisation du ministère de la Défense ».

Enfin, au chapitre du lien « armée nation », l’UDI propose un service militaire universel mais facultatif, inspiré du Service militaire adapté (SMA). L’encadrement se ferait par un « transfert d’emploi en équivalent crédits de l’Education nationale vers la Défense » et les infrastructures utilisées seraient celles qui seront – ou ont été – libérées par le ministère de la Défense. Le but de cette mesure est double : favoriser le recrutement pour les armées ainsi que l’insertion professionnelle « à travers des métiers en manque de main d’oeuvre ».

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