Un drone allemand a-t-il été piraté en Afghanistan?

Pour les besoins de sa mission en Afghanistan, l’armée allemande a loué, pour 110 millions d’euros auprès du constructeur israélien IAI,  3 drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) Heron 1, exploités pour le compte de la Luftwaffe par une coentreprise appartenant à Cassidian et Rheinmetall.

Ces appareils furent envoyés à Mazar-e-Sharif en 2010. Seulement, la Luftwaffe a joué de malchance avec ces drones. Ainsi, en mars, au retour de son premier vol, un Heron 1 s’était encastré dans un Transall C-160, alors à l’arrêt sur le tarmac de l’aéroport de la ville afghane.

Cet incident était resté confidentiel jusqu’à la diffusion, par le quotidien Bild, d’une vidéo montrant comment les choses s’étaient passées. L’explication donnée alors était que l’opérateur avait démarré accidentellement le drone sans savoir comment l’arrêter. Sans doute trop gros pour être vrai…

En décembre de la même année, un deuxième Heron 1 s’était écrasé, suite à une panne de moteur. Les forces américaines tentèrent bien de le récupérer mais sans succès. Aussi fut-il purement et simplement détruit.

En juillet 2013, un communiqué de Cassidian Airbone Solutions indiquait que les drones Heron 1 avaient accompli 15.000 heures de vol en mission sous les couleurs de la Luftwaffe. « La liaison de données satellites intégrée permet à la Bundeswehr et ses partenaires de l’OTAN de surveiller toute la moitié nord de l’Afghanistan qui, avec plus de 300 000 km², affiche une superficie comparable à celle de l’Allemagne. Le système Heron 1 apporte ainsi une contribution devenue indispensable à la protection des soldats et de la population civile sur l’ensemble du théâtre d’opérations », expliquait alors l’industriel.

Après des débuts difficiles, tout allait donc pour le mieux. Du moins jusqu’au 8 novembre dernier. Ce jour-là, pour une raison restant encore à déterminer, la liaison entre un Heron 1 et la station de contrôle a été interrompue. Conséquence : l’appareil est allé s’écraser dans un secteur montagneux. Etant donné l’état de l’engin et les difficultés pour aller le récupérer, un F-16 de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) a eu l’ordre de détruire complétement l’épave.

Deux explications peuvent être avancées pour cette perte de contrôle. Soit le Heron 1 a effectivement connu une défaillance technique, soit sa liaison a été piratée. La deuxième option n’est pas impossible : en 2012, une équipe d’étudiants du Radionavigation Laboratory (Université du Texas) a réussi à détourner un drone avec pour seulement 1.000 dollars de matériel. Comment? Tout simplement (si l’on peut dire) en s’attaquant au système GPS (on parle alors de technique dite de « GPS Spoofing »)

« Le problème est que le système GPS repose sur une architecture des années 70. C’est comme utiliser un ordinateur sans Firewall », avait alors commenté un consultant spécialisé pour le compte de Danger Room. « Le problème, c’est que le GPS civil n’est pas crypté », avait confirmé Todd Humphreys, le directeur du Radionavigation Laboratory, dans les colonnes de Business Week.

Si détourner un drone est dans le domaine du faisable – d’ailleurs, cette piste n’est pas totalement écartée pour expliquer la perte du RQ-170 Sentinel, un engin furtif, en Iran, en 2011 -, reste à savoir si les insurgés afghans sont en mesure de le faire… Leurs homologues irakiens avaient pu pirater les images obtenues par les appareils américains, avec seulement un logiciel (ndlr, SkyGrabber) valant 26 dollars. Et à l’époque, il avait été dit que des cas similaires furent signalés en Afghanistan.

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