La production d’opium augmente fortement en Afghanistan

En octobre, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a fait part de la préoccupation de Moscou au sujet de l’avenir de l’Afghanistan après le départ, à la fin de l’année 2014, de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée sous l’autorité de l’Otan.

« La décision de retirer l’ISAF d’Afghanistan a créé un regain d’activité des groupes terroristes dans le pays. Les détachements de l’opposition armée se concentrent dans les provinces afghanes du nord, aux frontières de nos partenaires de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) », a-t-il expliqué.

Le fait est, depuis le lancement de leur offensive de printemps, les taliban, pour ne parler que d’eux, ont mené plus de 6.600 opérations, dont 50 attentats suicide et 1.704 attaques contre les forces de police, lesquelles ont coûté la vie à près de 2.000 policiers et 858 civils…

« La situation précaire en Afghanistan présente un danger sérieux pour la stabilité internationale : il faut s’attendre à un renforcement de l’influence islamique des taliban suite à la réduction des troupes étrangères » avait ainsi estimé, en mai dernier, le général Igor Sergoun, le chef du renseignement militaire russe (GRU).

D’où la proposition du ministre russe, formulée à l’occasion du dernier Conseil Otan-Russie (COR) de retenir la coopération au sujet de l’Afghanistan comme l’un des grandes priorités en 2014. Si le regain d’activité des insurgés inquiète Moscou,  la production de pavot, qui sert à fabriquer des produits opiacés, comme l’héroïne, également.

Et cela pour une raison simple : une partie de cette production afghane arrive en Russie, où, chaque année, 30.000 toxicomanes meurent de surdose ou de pathologies liées à la consommation de produits stupéfiants. En outre, le trafic d’opium et d’héroïne alimente de nombreuses organisations criminelles et mafieuses. En clair, c’est une question de santé publique mais aussi de sécurité intérieure.

En avril, Bernard Bajolet, alors tout juste nommé directeur de la DGSE, avait affirmé que la drogue avait causé « plus de victimes que le terrorisme » en Russie, en Europe et dans les Balkans.

La situation ne risque guère de s’améliorer dans un avenir proche. Selon le dernier rapport annuel du Bureau des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), les surfaces cultivées de pavot ont atteint un niveau record en Afghanistan en 2013, passant de 154.000 à 209.000 hectares (+36%) en un an. Bien évidemment, cela a une incidence sur la production d’opium et d’héroïne (5.500 tonnes, soit +49% par rapport à 2012).

Et encore, ces stastistiques auraient pu être plus importantes si les régions de l’ouest et du sud du pays n’avaient pas connu des conditions météorologiques défavorables.

Si la production d’opium avait baissé, pendant un temps, à cause d’un champignon parasite, les forces de l’Otan n’ont jamais réussi à éradiquer la culture du pavot. La volonté de « gagner les coeurs et les esprits » en est une raison, quand l’on sait que ce type de production est très rémunérateur pour le paysan afghan. Une autre explication est à chercher du côté de la corruption des élites afghanes…

Reste que la production de pavot profite aussi aux groupes jihadistes… Si elle avait été réduite du temps des taliban, avant 2001, ces derniers ont vite compris qu’ils pouvaient en tirer de substantiels bénéfices (entre 100 et 400 millions de dollars par an) pour financer leurs opérations de guérilla.

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