Bercy veut piocher 500 millions d’euros dans le budget de la Défense

La loi de finances 2013 prévoyait un budget de 31,4 milliards d’euros pour le ministère de la Défense. Mais il n’est pas certain que ce montant soit le même avant la fin de cette année, quitte à compromettre la trajectoire financière de la Loi de Programmation Militaire pour la période 2014-2019.

Cette année, au titre de la réserve de précaution ministérielle, un premier gel a été décidé en janvier, à hauteur de 6,5 milliards, suivi d’un second, le mois d’après, pour 2 milliards de plus. Comme tous les autres ministères (non prioritaires), celui de la Défense a dû geler des crédits, à hauteur de 1,5 milliard d’euros.

Dans le meilleur des cas, ces sommes peuvent être « dégelées », comme cela a été le cas, partiellement, pour la gendarmerie et la police, la semaine passée. Mais le plus souvent, les ministères qui ont mis la main à la poche ne revoient jamais la couleur de l’intégralité des crédits mis en réserve. Et cela risque donc bien d’être le cas de l’Hôtel de Brienne, une fois de plus.

Pourquoi? Lors du prochain Conseil des ministres, il sera présenté une loi de finances rectificative qui, comme l’a expliqué Bernard Cazeneuve, le ministre du Budget, prévoit l’ouverture de 3 milliards d’euros de crédits « pour les budgets qui en ont besoin », dont l’emploi, le budget européen (1,1 milliard), les opérations extérieures (580 millions), l’hébergement d’urgence (100 millions)…

Or, ces 3 milliards d’euros doivent être entièrement compensés, « à l’euro près par autant d’annulations réparties sur l’ensemble des ministères », c’est à dire en se servant sur les crédits gelés en cours d’année. Et, selon le quotidien Les Echos, si cette manoeuvre comptable doit permettre de prendre en charge les surcoûts des opérations extérieures au delà de l’enveloppe de 630 millions prévus dans le budget 2013, le ministère de la Défense devrait contribuer, selon les voeux de Matignon et de Bercy, à hauteur de 500 millions d’euros. En clair, ce qui est donné d’un côté est repris de l’autre…

Sauf qu’il n’en est pas question pour le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, dans la mesure où il est impératif de récupérer la totalité des crédits gelés afin d’éviter à la Direction générale de l’armement d’être en cessation de paiment… et de plomber l’entrée en vigueur de la prochaine LPM. Il reviendra donc au président Hollande de trancher.

Le problème est que ce petit jeu risque de reproduire à l’avenir, étant donné que le projet de budget pour 2014 prévoit seulement 450 millions d’euros pour financer les surcoûts des opérations extérieures. Cette année, il est estimé que la somme de ces derniers atteindra 1,24 milliard d’euros, dont 600 millions rien que pour l’opération Serval.

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