Le centre spatial brésilien aurait été sous l’oeil de la DGSE

La présidente brésilienne, Dilma Rousseff, ne décolère pas depuis les révélations d’Edward Snowden, l’ex-consultant de la NSA, au sujet de l’étendue de la surveillance des communications faites par le renseignement américain. Au point d’annuler une visite aux Etats-Unis, de plomber la candidature du F-18 de Boeing dans le cadre de l’appel d’offre FX-2 et de déposer aux Nations unies (avec l’Allemagne) un projet de résolution aux Nations unies visant à protéger les libertés individuelles.

Seulement, tout le monde espionne tout le monde, y compris le Brésil. Comme les autres, ce pays dispose en effet d’une agence de renseignement, l’ABIN, dont la mission, comme on peut s’en douter, n’est pas d’arroser les fleurs ou de danser la samba.

Et comme les agences américaines décriées, l’ABIN donne aussi dans l’espionnage économique et diplomatique. Sans doute que Dilma Rousseff l’avait oublié. Mais le quotidien Folha de Sao Paulo lui a ainsi rafraichit la mémoire, en publiant des documents selon lesquels les services brésiliens ont étroitement surveillé des diplomates russes, iraniens, nord-américains ou encore irakiens.

Mieux encore, l’ABIN a même mis sous surveillance des salles louées à Brasilia par l’ambassade des Etats-Unis au Brésil. Bien évidemment, ce genre d’opération n’est pas de la même ampleur que celles menées par les services américains. Mais tout de même…

La présidence brésilienne a bien été obligée d’admettre ces affaires, en précisant qu’elle sont conformes à « la législation brésilienne de protection des intérêts nationaux » et en faisant remarquer, au passage, que la publication de documents confidentiels « constitue un délit » et que les « Snowden » brésiliens « seront poursuivis en justice ».

Cela étant, ces documents rendus publics par le Folha de Sao Paulo intéressent la France, et plus particulièrement la DGSE. En effet, on y apprend que l’ABIN a gardé un oeil sur les activités d’agents français actifs près du centre spatial d’Alcantara, théâtre, en août 2003, d’une explosion au sol d’une fusée ayant fait 21 victimes, essentiellement des ingénieurs et des techniciens des forces aériennes brésiliennes. Le site est toujours en reconstruction.

Le quotidien brésilien indique que l’ABIN a mené au moins 3 opérations contre « un réseau d’espions » liés à la DGSE. L’un de ses membres appellé « Olivier », se serait fait passer pour un professeur de kite-surf afin de mieux recruter des informateurs sur la base d’Alcantara, laquelle pouvait alors faire de l’ombre à celle de Kourou, en Guyane. D’où les soupçons du service brésilien à l’égard de son homologue français… Sauf que jamais la preuve d’un sabotage des installations d’Alcantara n’a été produites à ce jour. Officiellement, l’explosion a été causée par des problèmes de maintenance du site.

Quoi qu’il en soit, cette affaire n’a pas empêché Paris et Brasilia de conclure un partenariat stratégique en 2006, lequel sera confirmé deux ans plus tard par le président Sarkozy. En outre, le Brésil est devenu un bon client de l’industrie française de l’armement, avec, il est vrai, de nombreux transferts de technologie, notamment dans le domaine des sous-marins.

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