Le mouvement taleb a un nouveau chef… déjà contesté
Le mouvement taleb pakistanais (Tehrik-e-Taliban Pakistan, TTP) n’a pas tardé à se trouver un successeur à Hakimullah Mehsud, leur chef tué le 1er novembre par une frappe aérienne. Réuni en conseil le lendemain, ils ont en effet désigné, par 43 voix contre 17 nous apprend le quotidien Dawn, Khan Said ‘Sajna’, qui était d’ailleurs l’un des favoris dans la mesure où il avait été récemment nommé numéro 2 de l’organisation.
Âgé d’une trentaine d’année, Khan Said aurait été l’instigateur de l’attaque de la base navale de Karachi (10 marins tués et 2 avions de patrouille maritime P-3 Orion détruits), menée pour venger la mort d’Oussama Ben Laden, et serait aussi à l’origne de l’évasion de 400 militants du TTP à Bannu, un an plus tard.
Cependant, aucune annonce officielle au sujet du nouveau chef du mouvement taleb pakistanais n’a encore été faite. Elle devrait l’être dans « les jours qui viennent » selon les confidences faites par un porte-parole du TTP à Dawn.
Car il semblerait que la désignation de Khan Said n’est pas du goût de tout le monde, à commencer par le Maulana Fazlullah, puissant chef taleb de la vallée de Swat et pressenti aussi pour succéder à Hakimullah Mehsud, s’y oppose. De même que Omar Khalid Khorasani, responsable du TTP pour la zone de Mohmand.
Le mouvement taleb pakistanais est une nébuleuse assez compliquée à appréhender. Il regroupe plusieurs factions réunies depuis 2007 et dont les chefs bénéficient d’une certaine latitude dans leurs actions. Ce qui fait qu’il est secoué par des luttes internes pour s’assurer du leadership.
« Khan Said est plus porté que Hakimullah Mehsud sur le processus de paix » a expliqué, à RFI, la sociologue Firouzeh Nahavandi, spécialiste du Pakistan. « La mort de ce dernier est donc interprétée par certains comme un point positif pour les pourparlers. Il faudra voir comment les choses se mettent en place, car cette mort et cette élection se greffent sur des disputes internes, tant au sein des talibans que dans une compétition au sein du pouvoir pakistanais », a-t-elle ajouté.
