Brigade franco-allemande : Le 110e Régiment d’Infanterie sera dissous en 2014

La rumeur se faisait insistante. Et elle est devenue une information : le 110e Régiment d’Infanterie (RI), implanté à Donaueschingen (Allemagne) et intégré à la Brigade franco-allemand (BFA), sera dissous en 2014. L’annonce a été officiellement faite par le ministère de la Défense, ce 31 octobre.

« Les contraintes budgétaires auxquelles la France est soumise, comme l’ensemble des pays européens, impliquent aujourd’hui des choix difficiles quant aux formats de nos forces. Conformément aux orientations du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, le gouvernement français a donc décidé et annoncé le 30 septembre dernier la dissolution de différentes unités. Un seul cas avait été réservé jusqu’à ce jour pour s’assurer d’échanges préalables approfondis avec nos partenaires allemands : le 110e Régiment d’Infanterie sera dissous dans le courant de l’année 2014 », explique le ministère de la Défense.

En déplacement à Colmar, au début du mois, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait assuré qu’aucune menace ne pesait sur l’avenir de la BFA tout en évoquant, cependant, une éventuelle réorganisation pour la rendre plus « opérative ».

Aussi, cette dissolution, fait valoir l’Hôtel de Brienne, « n’entame en rien le plein engagement de la France au sein de la BFA » ainsi que « la volonté de promouvoir l’utilisation de cette grande unité ». Un autre régiment, « aux capacités d’action supérieures », devrait être ainsi désigné pour remplacer le 110e RI.

Dans le même temps, il n’est pas question de remettre en cause le « principe d’un stationnement croisé des troupes françaises et allemandes : la France conservera un niveau d’effectif stationné en Allemagne équivalent à celui des forces allemandes stationnées en France (environ 500 hommes) ». Pour rappel, le Jägerbataillon 291 est implanté à Illkirch, près de Strasbourg. Il resterait de l’autre côté du Rhin, les personnels  de l’état-major binational installé à Müllheim où est aussi installé un bataillon de commandement et de soutien.

Lors d’une audition devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense, le chef d’état-major des armées (CEMA), l’amiral Edouard Guillaud, avait indiqué qu’une réflexion était en cours concernant l’évolution de la BFA. « L’idée est bien d’utiliser cette brigade. Nous travaillons avec les Allemands pour déterminer sous quelle forme et dans quelles conditions politiques, diplomatiques, géographiques. Ensuite viendra le temps de la décision politique », avait-il expliqué.

Les différences des règles d’engagement ou des restrictions d’emploi (caveat) entre la France et l’Allemagne ont restreint l’emploi de la BFA par la passé. Ce que le général  de Bavinchove, ancien commandant de l’Eurocorps, a toutefois relativisé dans les colonnes des Dernières Nouvelles d’Alsace.

« Au lieu d’envoyer telle unité allemande à Mazar-e-Charif ou tel régiment français en Kapisa et Surobi, on aurait pu imaginer un déploiement de la BFA dans ces zones. C’est vrai qu’un état-major a plutôt tendance à privilégier ses forces nationales, au détriment des unités multinationales et pourtant, celles-ci sont l’avenir, surtout à des niveaux d’engagement comme en Afghanistan. Dans une relation, il faut des gestes, des preuves d’amour, autrement les choses ont tendance à s’effilocher. Et huit ans depuis la dernière mission (ndlr, en Afghanistan), c’est sûrement trop long », a-t-il affirmé.

Cependant, pour un éditorialiste du Frankfurter Allgemeine Zeitung, la BFA « n’aurait de sens que si elle devenait l’instrument militaire d’une politique étrangère commune. Ce dont il ne saurait être question, comme l’ont prouvé ces derniers temps la Libye, le Mali ou la Syrie ». Et d’ajouter : « La France se considère encore comme une puissance capable d’intervenir sur la scène géopolitique mondiale, dans le cadre de ses moyens. L’Allemagne, elle, s’est imposée une « culture de retenue militaire » qui frise l’incapacité à participer à l’Alliance. La fin de la brigade franco-allemande serait donc certes regrettable, mais logique d’un point de vue politique. »

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